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Je voulais marcher sur l’eau…

Dans les âmes fortes, l’amour se glisse par les points faibles.
- MARCELLE AUCLAIR

Car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.
- 1 CORINTHIENS 12:10

Je voulais marcher - pensée du mois - un homme regarde une surface d'eau

J’ai d’abord aimé cette phrase de Paul comme j’aimais l’idée d’être vieux, lorsque je n’avais pas même vingt ans. Une belle idée romantique, poétique, qui va à contre-courant de la pensée générale; je m’imaginais comme une bouteille de grand cru, devenant meilleur au fil des ans. Et puis j’ai vieilli, et puis je suis devenu faible, et j’ai détesté l’un comme l’autre. Aujourd’hui, je suis encore un peu plus vieux, un peu plus faible aussi, et j’apprends à aimer l’un et l’autre.
Attention ! Comprenez-moi bien. Je ne veux pas accélérer le cours du temps, je ne fais rien pour m’affaiblir; j’ai simplement accepté un état de fait : mes efforts pour construire une machine à remonter le temps ou pour trouver la source de Jouvence sont vains — mes efforts pour être fort, pour marcher au-dessus des difficultés sans m’y enfoncer, aussi.
Dieu a souri, je ne l’ai pas vu, mais je l’ai compris après coup ; sans que je m’y attende, sans même que je l’aie cherché, il a inversé mes valeurs.
Mes tentatives pour construire une vie solide, certaine, sécurisée, m’avaient épuisé. J’avais cru que la foi me permettrait de marcher sur l’eau, et pourtant je m’enfonçais dans la faiblesse comme une pierre en eaux troubles. Certain que l’horreur et le désespoir m’attendaient au fond, je m’étais presque résigné à l’enlisement dans la vase nauséabonde et putride, que l’on trouve toujours au fond des eaux mortes; j’avais accepté de faire partie de cette boue répugnante. J’ai renoncé, je me suis laissé couler.
À ma plus grande surprise, plus je descendais et plus l’eau était claire. Merveille des merveilles, ce que j’avais désespérément cherché, de toute ma force, avec toute mon énergie — sans l’atteindre — s’offrait à présent à moi. Le fond était clair, calme, limpide et lumineux, comme l’eau d’un ruisseau Cévenol.
Dieu a encore souri et il a parlé :
— Finalement ! Tu as enfin appris à couler, à rester tranquille; tu ne comprenais pas que l’eau n’était trouble que parce que tu l’agitais, pour pas grand-chose d’ailleurs…
Il a souri, une fois de plus, il m’a même fait un clin d’œil:
— Tu ne peux t’améliorer, tu ne peux te changer, et je ne peux pas vraiment le faire non plus tant que tu te démènes, tant que tu t’agites, que tu t’énerves... Mais rassure-toi, tu n’es pas le premier; j’ai dû déboiter la hanche de Jacob, faire de Moïse un berger pendant quarante ans et mettre Paul en prison la moitié de sa vie pour leur apprendre cette leçon. Ce que tu appelles « tes faiblesses » ne sont que les interstices par lesquels je peux m’infiltrer en toi. Ne te méprends pas, ce n’est pas la faiblesse qui te rend fort, mais elle permet à ma force de franchir tes défenses, elle te rend poreux à ma présence, elle crée des brèches dans les forteresses qui nous séparent. Alors, laisse-toi couler… en moi, et laisse-moi me couler en toi.

Si comme moi, vous avez l’impression de nager en eaux troubles, si vous êtes fatigués d’essayer d’être forts, épuisés par vos efforts pour garder la tête hors de l’eau, apprenez à vous laisser couler; l’eau claire est au fond. D’ailleurs, peut-être que le fond est, en vérité, le haut. Qui sait ? Dieu probablement...
N’ayez pas peur, Sa faiblesse est plus forte que les forces humaines.1

Faible, loin sous la surface, mais en paix, je vous souhaite une belle fin d’été.

Philip

P.S. Et si l’expression « couler des jours heureux » venait de là  ? 

1 1 Corinthiens 1:25

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© Tous droits réservés: Philip Ribe

 


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