Échec et réussite…
Je n’ai pas peur de l’échec, j’ai peur de réussir dans des choses qui ne sont pas importantes.
- William Carey
Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, et travailler pour ce qui ne rassasie pas ?
- Ésaïe 55:2

Réussir… réussir ses études, réussir dans le sport, réussir sa carrière, réussir son mariage, réussir dans la vie…
Les mots sont des boites avec une étiquette, il est important d’en définir le contenu. Si nous retournons sur la table la boite-mot « réussir », nous pouvons facilement imaginer que le résultat sera différent pour chaque personne, mais il y aura des « couleurs » communes à tous les contenus. Nous y trouverons probablement de l’envie d’être aimé, accepté, reconnu ; une certaine quantité de comparaisons : mieux que lui, moins bien qu’elle… mais aussi des teintes sombres, qui évoquent la peur de l’échec.
Le désir de réussir est présent dans toutes les époques, toutes les cultures, mais avec des manifestations différentes. La réussite peut se mesurer au nombre de têtes d’un troupeau, au prix d’une montre, à la destination des vacances, au nombre d’enfants, à l’architecture d’une maison… mais — mondialisation oblige — les critères tendent à s’uniformiser.
Nous devons faire face au fait que le succès est une nourriture d’âme peu calorique et mensongère, il ne tient pas ses promesses. Je ne nie pas qu’il apporte quelques instants de bien-être, de satisfaction, de plaisir même — il n’y a rien de mauvais ou de malsain à l’apprécier — mais cela ne remplit pas une vie, ne nourrit pas l’âme, ne construit rien de durable.
Si notre séjour sur terre était illimité — ce qui n’est pas souhaitable — nous pourrions nous permettre de bruler des milliers d’heures à poursuivre le succès dans des domaines sans importances, mais notre vie est fugitive, fugace, éphémère.
Il est utile de prendre le temps de réfléchir, s’assurer que les efforts, le temps, l’énergie que nous allons engager ont pour but autre chose que le simple fait de « réussir », d’être meilleur que, de décorer la façade de notre vie.
Où que nous en soyons dans nos existences, nous pouvons faire une pause, choisir de dépenser notre capital temps, pour de la nourriture qui rassasie l’âme, afin que le Royaume invisible dont nous sommes les ambassadrices et les ambassadeurs soit rendu un peu plus visible.
Ne laissons pas la peur de l’échec nous faire renoncer aux vrais combats, ceux que nous ne sommes pas certains de gagner, ceux qui semblent être des causes perdues.
Selon les critères en vigueur de nos jours, la vie du Christ est une succession d’échecs qui se solde par un ultime et gigantesque fiasco. Il a échoué à être durablement populaire, à convaincre la majorité de ses contemporains, il n’a pas réussi à protéger sa famille, à fonder une école, à acquérir une propriété qui deviendrait le siège bien établi et influent de ses disciples…
Finalement, il meurt tragiquement, dans d’horribles souffrances, après avoir été trahi par l’un de ses plus proches collaborateurs… et cependant, il a réussi ! Succès total !
Il a accompli sa tâche, rempli la mission qui lui était confiée : rétablir la connexion entre l’humanité et son créateur, nous révéler son amour, nous donner accès à sa présence.
Ne dilapidons pas notre temps à collectionner d’inutiles médailles et ne laissons pas la peur de l’échec nous faire renoncer à ce qui a du sens.
Rejoignons avec joie la noble compagnie des « loosers magnifiques », celles et ceux qui, au travers des siècles, ont semblé perdre leur vie pour la trouver réellement, suivant ainsi le chemin tracé par leur précurseur et maitre ; cela reste, à ce jour, la meilleure façon de « réussir sa vie ».
Signé : Un champion toutes catégories de l’échec, en voie de reconversion
© Tous droits réservés : Philip Ribe












