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Mélancolie, Nostalgie & Cie…

Mélancolie, Nostalgie & Cie… pensée du mois - mai 2019

Dans mon jeune temps, je ne comprenais pas ce que voulait dire « mélancolie », je croyais qu’il y avait des mots comme ça, qui étaient là juste pour faire joli. 
- Linda Lemay

Je me rappelle avec émotion l’époque où je marchais entouré de la foule, où j’avançais à sa tête vers la maison de Dieu, au milieu des cris de joie et de reconnaissance d’une multitude en fête.
- Psaume 42.5

C’est vrai que j’ai le souvenir tenace, la mémoire tonique, de ces temps pas si lointains, de cette époque magique, je sais pas si c’est normal, on peut trouver ça tragique, j’ai pas 30 ans, et je suis déjà nostalgique.
- Grand Corps Malade 

Nos existences sont irrémédiablement liées au temps, ce temps que nous ne pouvons capturer ou pleinement comprendre, mais dont nous pouvons constater les effets. L’évolution de nos technologies nous fait miroiter l’illusion que nous sommes des « Maîtres des Horloges » ; nous pouvons regarder nos programmes préférés en différé à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, nous pouvons mettre en pause pour passer à autre chose, reprendre lorsque nous le désirons et même revenir en arrière pour visionner encore une fois un passage que nous avons particulièrement apprécié. Nous pouvons revoir les évènements marquants de nos existences puisque nos vies se déroulent sous le regard omniprésent des enregistrements numériques. Mais ces légers artifices n’ont aucun pouvoir sur le cours réel du temps, que nous y fassions face ou pas, il trace son chemin, sans jamais s’affoler, accélérer ou ralentir. Il grignote insatiablement notre futur pour en faire du présent qu’il recycle immédiatement en passé.

Une fois évaporée l’insouciance de l’enfance, après avoir dévoré goulûment et avec impatience les courtes années de l’adolescence, nous découvrons un sentiment nouveau, qui ne va cesser de s’amplifier jusqu’à devenir, pour certains, une véritable souffrance, la nostalgie, accompagnée la plupart du temps de sa sœur jumelle, la mélancolie.
Nous sommes tous différents et nous avons chacun développé des stratégies personnelles pour gérer cette puissante émotion. Certains adoptent la philosophie du «cou raide », le refus total du regard en arrière. Le passé n’existe pas, il est systématiquement brûlé. Le présent avec son désir de futur est la seule réalité. Les tenants de cette pratique se construisent une solide armure de déni pour se protéger des tiraillements intérieurs que génèrent ces remontées du passé.
À l’opposé, d’autres font de la nostalgie et de la mélancolie le décor essentiel de leur existence. Ils avancent en reculant, le dos tourné au futur, à peine conscient du présent qui n’a comme seule vertu la possibilité qu’il offre de s’immerger dans le passé dans une tentative vaine de le ressusciter.
Entre ces deux extrêmes, toutes les nuances existent et nous changeons parfois de tactique selon les moments et les situations de nos vies.

Les croyants sont et restent — heureusement — des humains qui doivent vivre avec leurs émotions. Nous avons toutefois certains éléments qui peuvent nous permettre de gérer différemment les incursions de la nostalgie.
Nous savons qu’il existe au plus profond de chacun un vide créé par la déconnexion avec notre Créateur, mais aussi par la perte du « Jardin » où nous aurions pu vivre « insouciants et nus…» 1. Nous savons aussi que le voyage en humanité que constitue notre séjour terrestre n’est qu’une gestation, une transition vers une version renouvelée et améliorée de ce « Jardin perdu ».
Il nous est donc possible, avec l’aide et la présence de l’inventeur du temps, de ne pas fuir la nostalgie, d’éviter le déni, sans pour autant nous noyer dans le passé. Nous pouvons apprendre, avec la vitalité que nous donne Sa vie en nous, d’absorber et peut-être même d’apprécier la douceur un peu amère du passé perdu avant de la recycler en nostalgie du futur, en énergie qui nous pousse vers l’avenir sans pour autant abandonner nos anciens trésors.

Dieu désire unifier toujours plus les différents aspects de nos existences. Ne nous laissons pas voler une partie de nous-même. Riche de notre passé, avec sa beauté, ses blessures, ses pertes et ses réalisations, nous vivrons pleinement le présent comme une étape vers un avenir où rien de ce qui nous constitue vraiment ne sera perdu.

Déjà douze ans que je voyage avec vous, et si j’ai engrangé quantité de beaux souvenirs, je ne suis pas nostalgique, je me réjouis du présent à vos côtés et me nourris de belles attentes pour le futur.

Temporellement vôtre,

Philip

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1 Il y avait un jardin qu’on appelait la terre. G. Moustaki

© Tous droits réservés: Philip Ribe


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