jeunesse histoires textes ligne w

 

Jeannot en Afrique - À l’hôpital des nouveau-nés

Histoire vraie

 — Où vas-tu, Pugininseli, avec ce gros bol de lait ? demanderiez-vous peut-être à Roselyne, si vous la rencontriez aujourd’hui, à deux pas de sa maisonnette.
Avec un sourire malicieux, elle vous répondrait...
Je vais... à l’hôtel des nouveau-nés !
— Comment, il y a un hôtel à Fada-N’Gourma ?
— Mais non ! je parlais de la maternité ! Hier soir une jeune femme chrétienne a mis au monde son premier bébé. Comme je lui avais promis ma visite, je vais la voir.
Voulez-vous venir avec moi ? C’est le bâtiment dont vous devinez les murs rouges derrière ce bosquet.
— Mais... vous croyez qu’on nous laissera entrer ?
Bien sûr ! La porte est toujours ouverte. Voilà. Nous y sommes !
Que de monde dans cette pièce sombre ! La jeune maman est couchée par terre sur une natte. Dans ses bras elle tient le nouveau-né, enveloppé d’un bout de sa robe. On dirait presque un bébé européen, tant sa peau est pâle. Regardez ces petites mains roses, avec juste un peu de brun au bout des doigts. Sur le corps on distingue quelques taches plus foncées, un peu comme si l’on avait versé du café au lait sur cette peau si fraîche. Laissons Roselyne s’entretenir avec la maman, et observons un peu autour de nous !
Là tout près, une vieille femme se repose sur une autre natte. Elle restera là plusieurs jours pour préparer la nourriture de l’accouchée. Dans la pièce on voit d’autres mamans avec leur nouveau-né.
— Et toutes ces autres personnes, que font-elles ici ?
— Plus ou moins parentes des jeunes mamans, elles sont venues pour s’occuper d’elles !
Partout on voit des calebasses, des cuvettes pleines d’aliments, de farine de mil ou de maïs, des chiffons, des mouches... Dans un coin, une femme étendue nous tourne le dos. Son nourrisson tout pâle vient de naître. La mère dort. Elle est seule, personne ne prend soin d’elle... c’est une lépreuse ! Les doigts de ses pauvres mains ont presque totalement disparu. Le bébé, par contre, est bien le plus joli de tous.
Sortons ! Quel éblouissement de lumière ! Malgré la chaleur étouffante, des joueurs de tam-tam sont venus près de la maison et font un tintamarre épouvantable. C’est pour éloigner les mauvais esprits afin qu’ils laissent les petits bébés, tranquilles !

Texte: Samuel Grandjean
Illustrations: Hélène Grandjean & Ariste Mosimann

blue care wAccueil
  Liens
  Plan du site        
  Contact
tampon 5x5 gris