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L'Amour véritable 5/6
Etude sur la première Epître de Jean

par Philippe Favre

Dans cette avant-dernière étude nous retrouvons pour la troisième fois le thème de la foi, de l'obéissance et de l'amour, traité dans un autre ordre et d'une façon différente. En effet, Jean commence par l'amour (1 Jean 4:7-12), continue par la foi et l'amour (1 Jean 4:13-21), et achève par la foi, l'amour et l'obéissance entrelacés (1 Jean 5:1-5). Nous assistons ainsi à un embrasement final où le message est chaque fois plus pénétrant.

1. Le critère social: l'amour (1 Jean 4:7-12)

Non seulement Jean est un pasteur qui s'occupe de son troupeau, mais c'est un théologien qui magnifie son Dieu. Il atteint le sommet de la révélation avec le développement suivant:

  • "Dieu est amour" (v. 7-8)
  • "L'amour de Dieu a été manifesté envers nous" (v. 9-11)
  • "Son amour est parfait en nous" (v. 12)

Jean n'est jamais dans l'irréalité car ce qu'il exprime de l'amour de Dieu est inséparable de l'amour fraternel qu'il présente tour à tour comme une exhortation (v. 7), un devoir (v. 11), une condition (v. 12). Si le ciel nous est ouvert, nous sommes sans cesse ramenés sur la terre car le chrétien – un homme de chair et de sang – est appelé à aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toute sa pensée, de toute sa force, et à aimer son prochain comme lui-même (cf. Marc 12 :30-31).

a) Dieu est amour (4:7-8).
Nous avons déjà vu en étudiant cette Epître, que celui qui aime son frère demeure dans la lumière (2:10), que nous aimons les frères parce que nous sommes passés de la mort à la vie (3 :14). Ici, plus directement, nous observons que l'amour fraternel a sa source en Dieu, puisque Dieu est amour dans son être intérieur, le plus intime, s'il est possible de parler ainsi. C'est la seule fois en 1 Jean 4:8 et 16 que nous trouvons l'expression: "Dieu est amour" dans la Bible. C'est le pendant de l'expression: "Dieu est lumière" (1 Jean 1 :5), ce qui donne un merveilleux éclat aux attributs de Dieu et du même coup un sens et un équilibre à l'expérience chrétienne.

b) L'amour de Dieu a été manifesté envers nous (4:9-11).
Nous vivons dans un monde saturé de paroles, de discours et de théories avec très peu d'effets concrets, surtout dans les domaines religieux, philosophiques et politiques. Mais la déclaration biblique que Dieu est amour est appuyée par le fait que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde. Jésus-Christ a quitté la gloire, est venu ici-bas et s'est donné lui-même pour le salut de plusieurs. Prenez l'évangile selon Marc et considérez le chemin que Jésus a parcouru. Suivez-le pas à pas dans son rejet et ses souffrances. Rappelez- vous comment il est entré à Jérusalem, comment il a enseigné dans le Temple, comment il a préparé ses disciples dans la chambre haute, comment il s'est laissé arrêter, outrager, condamner et crucifier! S'il est une manifestation tangible de l'amour de Dieu, c'est bien celle-là. Au verset 10, il est spécifié que nous n'avons point aimé Dieu mais que c'est lui qui nous a aimés en envoyant son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. Ainsi le don du Fils, non seulement atteste l'amour de Dieu, mais nous place devant le devoir de nous aimer les uns les autres. Il est vrai que ce sont des choses que nous savons, mais comment les vivons-nous? Ou alors pour quelle raison ne les vivons-nous pas? Je laisse le lecteur réfléchir et s'interroger sur ce sujet important où les mots ne remplacent pas les actes.

c) Son amour est parfait en nous (4:12).
Voyons plus loin: l'amour de Dieu a été manifesté historiquement à la croix, mais aujourd'hui, où est-il vu? Il est vu tout simplement dans l'amour que les chrétiens se portent les uns aux autres, car il est écrit: "Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous" et cela se voit. Ici, pas moyen de jouer ou tricher... Rappelons-nous l'attitude de Saül vis-à-vis de David avec ses retournements et son double langage, clamant son amitié tout en continuant à le poursuivre. Le monde attend de voir des chrétiens qui s'aiment pour croire (cf. Jean 13:35). Le petit mot si donne une dimension très personnelle à ce verset. Il nous place devant d'immenses possibilités et nous remplit d'espoir car Dieu veut demeurer en nous et parfaire son amour en nous.

2. Les deux critères: la foi et l'amour (1 Jean 4:13-21)

Dans ce passage, nous constatons qu'une foi authentique en Jésus le Fils de Dieu est suivie d'une connaissance tout aussi juste de l'amour que Dieu a pour nous. Comme nous l'avons déjà dit, la foi et l'amour sont indissociables. La théologie libérale qui nie la divinité de Christ touche du même coup à l'amour de Dieu et sape la foi de l'homme. C'est au XIXe siècle que cette théologie est apparue, rejetant l'autorité des Ecritures et l'oeuvre expiatoire de Christ. En rabaissant Jésus-Christ au rang d'un martyr, les hommes ont passé légèrement sur le péché et ont voilé la sainteté de Dieu. Minimiser pareillement la notion du péché c'est dégager l'homme de sa culpabilité devant Dieu. En vidant ainsi la foi de son contenu biblique on tue l'amour véritable! Mais prenons le problème dans l'autre sens: nous qui croyons à la divinité du Christ, à la gloire de sa personne, à la grandeur de son oeuvre, pourquoi aimons-nous si peu? L'Epître nous donne la réponse: nous isolons la foi de l'obéissance et de l'amour. Revenons aux normes de l'Ecriture en sortant de ce qui est flou et nébuleux pour exprimer une foi complète (cf. 2 Pierre 1:5-7).

a) Le don du Saint-Esprit (4:13-16).
J'ai déjà fait remarquer précédemment que le Saint-Esprit est mentionné pour la première fois à la fin du chapitre 3 (v. 24). Il y a là une intention divine, car à cause de la confusion qui régnait déjà dans l'Eglise et de l'erreur qui tentait de s'infiltrer partout sous différentes formes, l'apôtre a dû mettre d'abord l'accent sur la pratique de l'obéissance et de l'amour dans la foi. C'est pourquoi il n'y a rien dans cette Epître pour satisfaire une curiosité malsaine, pour pousser au mysticisme ou pour développer le cléricalisme. A cette époque, comme aujourd'hui, on voulait vivre un christianisme édulcoré, alors que tout le Nouveau Testament démontre qu'être disciple de Jésus-Christ signifie le renoncement à soi-même, l'acceptation de la croix et la soumission au Seigneur, ce qui coûte beaucoup à la chair (Matthieu 16:24-25). Or, seule la puissance du Saint-Esprit rend le croyant capable d'obéir à un tel appel (Romains 8:13-14; Galates 5:24-25).

Une lecture attentive des versets 13 et 15 nous montre que l'Esprit nous a également été donné pour avoir la certitude de la présence de Dieu en nous et pour avoir la force de proclamer Jésus-Christ autour de nous. A propos du verbe demeurer, je fais remarquer qu'en 1 Jean 3 :24 nous lisons de celui qui garde ses commandements: "Il demeure en Dieu, et Dieu en lui"; qu'en 1 Jean 4:15 nous lisons de celui qui croit au Fils de Dieu: "Dieu demeure en lui, et lui en Dieu"; et enfin qu'en 1 Jean 4:16 nous lisons de celui qui demeure dans l'amour: "Il demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui". Avec ces trois textes nous avons l'image du chrétien adulte caractérisé par une relation permanente avec Dieu sans déficits dans l'obéissance, la foi et l'amour.

b) La conformité à Christ (4:17-21).
Cela est exprimé par le début du verset 17: "Tel il est, tels nous sommes aussi dans ce monde". Ce niveau paraît élevé et pourtant il est celui que Dieu veut pour nous comme le confirme Romains 8:29: "Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils soit le premier-né de beaucoup de frères". La conformité à Christ ne vient pas magiquement d'un coup de baguette, sans épreuves ni souffrances. La méditation quotidienne des Ecritures, la prière persévérante, un témoignage honnête, les coups de boutoir des circonstances façonnent le chrétien. C'est pourquoi le verset cité plus haut est précédé du passage bien connu: "Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein" (Romains 8:28). Inclinons-nous devant l'ordre et la majesté de ces textes qui excluent le hasard dans les rapports entre Dieu et les siens.

D'ailleurs, Jean lui-même a été transformé par la puissance du Saint-Esprit après la croix et la résurrection. Auparavant, dans son immaturité spirituelle il a jugé un disciple inconnu (Marc 9:38-39), il a souhaité faire descendre le feu du ciel sur un village de Samaritains (Luc 9:51-56), et il s'est mis en avant pour avoir une place privilégiée dans le royaume à venir (Marc 10:35-45). Corrigé par son Maître, Jean apprend la leçon, et le disciple exclusif et violent devient l'apôtre de l'amour véritable. Il ne faut pas oublier que ce que nous sommes ici-bas en tant que chrétiens aura des répercussions lors de notre réunion avec Christ. La mention du jour du jugement à la fin du verset 17 est une allusion au "tribunal de Christ" où chacun recevra selon le bien ou le mal qu'il aura fait en étant dans son corps (2 Corinthiens 5:10). Alors, ceux qui auront suivi de près leur Seigneur auront de l'assurance et ne seront pas confus (cf. 1 Jean 2:28).

Puis, suivant le fil de sa pensée, Jean déclare tout net que "la crainte n'est pas dans l'amour" (v. 18). Le lecteur comprend certainement qu'il s'agit de la crainte servile, trahissant l'inquiétude et l'anxiété, dont parle Paul en Romains 8:15 et non de la crainte respectueuse mentionnée en Hébreux 11:7. Il y a une différence entre les deux. La crainte servile provient d'une fausse conception du Dieu de la Bible et de la peur ancestrale, conséquence directe de la chute (Genèse 3). La crainte respectueuse accompagne notre adoration et notre service pour Dieu parce que nous sommes introduits dans quelque chose d'immensément grand et majestueux par l'Esprit Saint. Ici, je pose une question: A une époque où toutes les valeurs sont renversées, cette dimension caractérise-t-elle toujours nos paroles et nos attitudes dans la prière, le culte, le témoignage? Ou bien sommes-nous tombés dans le piège de la familiarité quand nous nous servons du nom de Dieu?

Jean progresse dans sa démarche en affirmant que "la crainte suppose un châtiment". Il est intéressant de noter que le mot châtiment employé ici n'est pas le même – dans l'original – que celui d'Hébreux 12:5. En 1 Jean 4:18 ce terme signifie punition – sens que nous retrouvons en Matthieu 25:46 lorsqu'il est question du châtiment éternel des impies – alors qu'en Hébreux 12:5 il entend discipline, éducation, correction. "Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté" (Hébreux 12:10), mais il ne nous punit pas comme il punira les impies. Lecteurs, si Dieu vous discipline – que ce soit dans le domaine de la maladie, des blessures de la vie, des contrariétés ou des injustices – comprenez que vous passez par la formation d'un Dieu qui vous aime et qui vous aide. Rappelez-vous que "l'Eternel a tout fait pour un but, même le méchant pour le jour du malheur" (Proverbes 16:4) et que cette éducation parfois pénible, même insupportable, s'accomplit à l'intérieur de la famille.

Revenons à notre texte et à la parole bien connue: "L'amour parfait bannit la crainte" (v. 18). Cet idéal n'est rendu possible qu'avec la présence et le secours de Jésus-Christ qui nous délivre de nos mentalités d'esclaves. Ainsi libérés, nous pouvons l'aimer de tout coeur en sachant qu'il nous a aimés le premier (v. 19). Au verset 20 Jean fait la guerre au verbiage religieux: "Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas?" Dans cette Epître il est question de trois mensonges. Le premier concerne la communion (1 Jean 1:6); le second concerne la doctrine (1 Jean 2:22); le troisième concerne l'amour (1 Jean 4:20). Nous sommes saisis en entendant l'Esprit de Dieu parler si fort. Un tel langage nous amène à nous examiner tout de suite sur ces points précis.

3. Les trois critères: la foi, l'obéissance et l'amour (1 Jean 5:1-5)

Ce paragraphe a comme point de départ et d'arrivée la foi en Jésus-Christ le Fils de Dieu (v. 1 et 5, cf Matthieu 16:16). Dans le déroulement apparaissent l'amour (v. 1, 2 et 3) et l'obéissance (v. 2, 3). Cette trilogie parfaite peut être illustrée par la corde à trois fils, résistante et solide, dont parle l'Ecclésiaste au chapitre 4:12. Si l'un de ces trois fils fait hélas défaut, la vie chrétienne est effilochée. Réfléchissons quelques instants: Si, dans ma profession de foi, l'élément doctrinal prévaut sur l'élément de l'amour, je deviens dur et sec, je m'isole. Si, dans mon zèle à pratiquer la justice et à aimer le prochain, je néglige la grâce de Dieu, je deviens un propre juste et je rejoins la multitude de ceux qui comptent sur eux et leur moralité pour l'accomplissement du devoir. Si, dans ma ferveur pour Dieu, mes émotions ne sont pas maîtrisées par le Saint-Esprit, elles se dérèglent et s'égarent, et je deviens un illuminé.

Ce genre de piété égocentrique ne correspond pas au plan de Dieu pour le croyant appelé à triompher des influences pernicieuses du monde par la foi qui reconnaît la seigneurie de Jésus-Christ en tout (v. 4 et 5). La puissance du monde est dévastatrice aujourd'hui, elle fait plus de mal qu'on ne l'imagine, mais celui qui est né de Dieu a des ressources illimitées pour la vaincre. Ainsi, dans ces cinq versets, nous avons la description du chrétien équilibré: Celui qui croit aime, celui qui aime obéit, celui qui aime et obéit est renouvelé sans cesse dans sa foi.

Chers lecteurs, après cette étude, nous sommes mis en face de nos responsabilités. Ce message, adressé à l'Eglise pour qu'elle persévère en des temps difficiles, ne peut nous laisser indifférents.

Laissons le Saint-Esprit traiter le mal à la racine pour que notre christianisme soit crédible dans la société contemporaine.

Philippe Favre

 


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