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La Bible: textes admis ou rejetés

Textes admis - Textes contestés - Textes rejetés

Nous avons déjà mis sur le site plusieurs textes à ce sujet:
"Livres apocryphes",
"Jérôme, la Vulgate et les Apocryphes"
"Pourquoi les Livres apocryphes sont-ils incorporés à la Bible en français courant ?".

Nous tirons le texte ci-dessous du magazine "Louis Segond", édité par la Société Biblique de Genève, qui explique clairement les principes appliqués pour nos Bibles:

La Bible, c'est un recueil de plusieurs livres rassemblés au cours de siècles. Depuis le 4e siècle, les chrétiens emploient le terme de canon (d'un mot qui désignait un bâton pour mesurer, puis au sens figuré une règle) pour désigner la liste des textes reconnus, comme faisant autorité dans l'Eglise, comme règle de foi et de vie.

Textes reconnus, oui, mais pas par tous. En effet, si vous achetez une Bible protestante ou un tanakh juif, vous compterez 39 livres dans l'Ancien Testament. Dans une édition catholique ou oeucuménique, vous en trouverez 8 de plus, outre plusieurs parties de livres supplémentaires. Comment cela se fait-il? Lisez l'étude ci-dessous.

Les livres admis par tous

Les manuscrits complets de l'Ancien Testament hébreu ou grec donnent des indications sur les contours des livres normatifs. En prenant les textes communs aux deux langues, on obtient une liste de 39 livres. Y a-t-il eu, à un moment donné, une rencontre officielle pour fixer cette liste ?

On a émis l'hypothèse qu'un synode interne au judaïsme s'était tenu à la fin du 1er siècle de notre ère à Jamnia, siège d'un centre d'étude de la loi dans la région d'Israël, mais il n'a pas encore été possible de démontrer la véracité de cette hypothèse. Les écrits rabbiniques de l'époque montrent que cinq livres étaient l'objet de discussions: Ezéchiel (à cause de différences entre les éléments du temple dont il parle et ceux du tabernacle), les Proverbes (à cause de contradictions apparentes), l'Ecclésiaste (dont la sagesse paraissait trop humaine), le Cantique des cantiques (aux propos jugés érotiques) et Esther (duquel le nom de Dieu est absent). On les appelle de ce fait «antilégomènes». Selon certains, toute contestation prit fin dès le 2e siècle avant notre ère, mais au plus tard, de l'aveu de tous, au 2e siècle de notre ère.

Les témoignages juifs font la différence entre des textes revêtus d'autorité, dont les derniers datent du 5e siècle av. J.-C., et les écrits postérieurs:
A la mort d'Aggée, Zacharie et Malachie, les derniers prophètes, le Saint-Esprit a cessé (son activité) en Israël.
Talmud, Tosephta, Sota 13.2

Depuis Artaxerxès jusqu'à notre époque, tout a été consigné par écrit: mais ces livres n'ont pas été jugés dignes d'une créance semblable à celle des précédents, parce que la succession exacte des prophètes faisait défaut. Les faits montrent avec évidence la foi que nous avons placée dans nos propres écrits; en effet, bien qu'une si longue durée se soit déjà écoulée, personne n'a osé ajouter, retrancher ou changer quoi que ce soit à ces livres.
Flavius Josèphe. Contre Anion l.8

Les livres contestés

Comme déjà précisé, l'Ancien Testament compte 39 livres reconnus par les juifs, les catholiques et les protestants. Cependant, les catholiques en comptent plusieurs supplémentaires, qu'ils appellent deutérocanoniques (car acceptés plus tard dans le canon), tandis que les protestants les qualifient d'apocryphes («cachés»). Ce sont des textes qui apparaissent, en nombre variable selon les codex, dans la traduction grecque de l'Ancien Testament, la Septante, puis dans la traduction latine, alors qu'ils sont absents du texte hébreu. Ils ont du reste été écrits directement en grec pour la plupart et sont postérieurs au 5e siècle av. J.-C.

Ces textes sont les suivants:

• Textes d'ordre historique: Tobit, Judith et les additions grecques à Esther, 1 et 2 Maccabées;
• Livres poétiques et sapientiaux: Sagesse de Salomon et Ecclésiastique (aussi appelé Siracide);
• Les livres prophétiques: Baruch, la lettre de Jérémie et des additions à Daniel.

C'est la quatrième session du concile de Trente, le 8 avril 1546, qui les a déclarés canoniques:

L'ensemble intégral de ces livres en toutes leurs parties, vu qu'on a coutume de les lire dans l'Eglise catholique, qu'ils figurent dans l'ancienne édition de la Vulgate latine, si quelqu'un ne les considère pas comme sacrés et canoniques et méprise sciemment et délibérément les traditions déclarées, qu'il soit anathème.

La coïncidence des dates n'est pas fortuite: le concile de Trente s'est réuni après les débuts de la Réforme, le mouvement qui allait donner naissance au protestantisme. Or, les Réformateurs mettaient en cause plusieurs enseignements de l'Eglise catholique en arguant du fait qu'ils n'étaient pas bibliques (purgatoire, prières pour les morts et des morts, caractère salutaire des oeuvres, et en particulier les indulgences). La hiérarchie ecclésiastique pouvait appuyer ces mêmes enseignements sur des livres apocryphes, d'où l'intérêt de les déclarer canoniques.

Vingt ans après, le terme de «deutérocanonique» était forgé par Sixte de Sienne. Ce que ne précise pas le décret du concile de Trente, c'est que le concile de Laodicée (env. 360) avait exclu les apocryphes, et même interdit leur lecture, et que Jérôme, tout en les ayant intégrés à la Vulgate, avait signalé qu'ils n étaient pas normatifs (dans son Prologus galeatus, supprimé des éditions plus tardives de la Vulgate):

Ce prologue... peut s'appliquer à tous les livres que nous avons traduits d'hébreu en latin, afin que nous sachions que tout ce qui est en dehors de ces livres doit être rangé parmi les apocryphes. Donc la Sagesse, intitulée habituellement de Salomon, le livre de Jésus fils de Sirach, Judith, Tobie et le Pasteur ne sont pas dans le canon.
... Ainsi, comme l'Eglise lit Judith, Tobie et les livres des Maccabées, mais ne les reçoit pas parmi les écrits canoniques, qu'elle lise de même ces deux volumes pour l'édification du peuple, mais non pour établir l'autorité des doctrines de l'Eglise.

Les Réformateurs se sont ralliés aux vues de Jérôme. Dans sa version allemande de la Bible, Luther les a placés à la fin de l'Ancien Testament, en les faisant précéder de cette notice:

Livres qui ne doivent pas être estimés à l'égal de la Sainte Ecriture, mais qui pourtant sont utiles et bons à lire.

Dans l'édition de 1588 de sa traduction française de la Bible, Pierre-Robert Olivétan, le cousin de Jean Calvin a écrit:

Ces livres ne sont pas divinement inspirés comme le reste des Saintes Ecritures, et ne doivent pas être produits publiquement en l'Eglise pour servir de règle aux articles de foi, ni même aux points de vérité de l'histoire sainte.

La Confession de foi de Westminster (1643) déclare, quant à elle:
Les livres appelés apocryphes ne sont pas divinement inspirés, ne font pas partie du Canon des Ecritures et n'ont donc aucune autorité dans l'Église de Dieu. Il ne faut pas les considérer autrement que n'importe quel écrit humain.

C'est en 1826 que la Société Biblique Britannique et Etrangère décide d'exclure tous les apocryphes de ses éditions. Sauf dans une publication spéciale de la Société Biblique de Paris (1909), on ne trouve dès lors plus les apocryphes dans aucune édition française protestante de la Bible.

Que racontent-ils, ces livres contestés?

1 Macchabées (16 chapitres)
Les événements rapportés dans ce livre s'étendent sur une période d'environ quarante ans depuis le roi de Syrie Antiochus Epiphane (175) jusqu'à la mort de Simon (134 av. J.-C.). L'auteur rapporte des persécutions dont sont victimes les Juifs pieux, la révolte et la fuite de Matthatias au désert, puis les exploits des trois frères qui se sont succédé: Judas, Jonathan, Simon. Il s'achève par l'évocation du règne de Jean Hyrcan, fils de Simon.

2 Macchabées (15 chapitres)
Surnommé «l'abréviateur», l'auteur présente son ouvrage comme le condensé d'un livre antérieur écrit par un certain Jason de Cyrène, inconnu par ailleurs. L'essentiel du contenu est un récit plus détaillé que celui de 1 Maccabées et qui commence un peu plus tôt, avant la mort de Judas.

Les adjonctions grecques à Esther
Il y a deux types principaux d'adjonctions au texte hébreu d'Esther: des embellissements romanesques et des compléments religieux (notamment des prières). On trouve aussi une introduction (où est évoqué un songe de Mardochée qui annonce les événements à venir) et une conclusion, des copies de lettres du roi pour l'extermination des Juifs et la condamnation des ennemis des Juifs. Outre certains problèmes de cohérence entre le texte hébreu et les adjonctions grecques, on note une radicalisation de l'attitude des personnages dans la version grecque.

Les adjonction grecques à Daniel
Il y a deux types d'adjonctions au texte hébreu de Daniel: des adjonctions liturgiques (prière d'Azaria et cantique de reconnaissance des trois jeunes gens jetés dans la fournaise ardente) et des récits (l'histoire de Suzanne et deux récits dirigés contre les cultes idolâtres: l'histoire des prêtres de Bel et celle du dragon).

Judith
Ce livre raconte comment une jeune veuve du nom de Judith délivre, grâce à sa beauté séductrice, sa ruse et ses mensonges, la ville de Béthulie assiégée par l'ennemi. Peut-être fondé sur un fait réel, le récit présente des erreurs historiques flagrantes. Ainsi, il confond les Assyriens, les Babyloniens et les Perses.

Tobit (ou Tobie, 14 chapitres)
Le récit est situé à l'époque assyrienne et tourne autour de trois personnages principaux: Tobit, un homme pieux qui habite à Ninive, se soucie des pauvres et s'emploie à donner une sépulture décente aux cadavres abandonnés; Tobias, son fils, qui effectue un voyage, au cours duquel il est accompagné par un personnage mystérieux qui n'est autre que l'ange Raphaël; Sara, une jeune fille juive d'Ecbatane en Médie, qui est victime d'un démon protecteur de sa virginité et va épouser Tobias, vainqueur du démon.

La Sagesse de Salomon
L'ouvrage comprend trois grandes parties reliées l'une à l'autre: la destinée humaine, avec le sort du juste et de l'impie; l'éloge de la sagesse, où Salomon s'adresse aux rois; le rôle de la sagesse dans l'histoire, avec en particulier une méditation sur l'Exode qui occupe près de la moitié du livre.

Le Siracide (ou Ecclésiastique, 51 chapitres + 1 préface)
La préface du Siracide mentionne l'existence d'un original hébreu, dont on a retrouvé des fragments à Qumrân et à Massada. Le corps du livre est composé essentiellement de réflexions et de conseils de type sapiential, de longueur variable, mais ajoutés les uns aux autres sans lien logique ou thématique entre eux (contrairement au livre de la Sagesse). L'ouvrage s'achève par une partie beaucoup plus construite, qui célèbre la grandeur et la sagesse de Dieu, puis par un éloge des pères, d'Hénoc à Néhémie, ainsi que du grand-prêtre Simon.

Le livre de Baruch (5 chapitres)
Le livre contient une introduction assez détaillée qui présente l'ouvrage comme ayant été écrit par Baruch (le scribe du prophète Jérémie) et envoyé par lui de Babylone à Jérusalem, ainsi qu'une prière de confession des péchés pour le peuple exilé, une méditation sur la sagesse, puis deux discours symétriques, l'un de Jérusalem personnifiée à ses enfants, l'autre à Jérusalem personnifiée. Jérusalem explique à ses enfants qu'elle ne peut rien pour eux. S'ils sont partis en déportation, c'est à cause de leurs péchés. Dieu seul peut les délivrer. Elle les encourage à se tourner vers lui.

La lettre de Jérémie (1 chapitre)
Parfois intégré au livre de Baruch comme un 6e chapitre, ce texte est présenté comme la copie d'une lettre que Jérémie aurait remise aux Juifs qui allaient être déportés à Babylone afin de les mettre en garde contre le culte des images.

Les points de désaccord

Comme déjà précisé, les livres apocryphes contiennent des versets sur lesquels l'Église catholique fonde certaines de ses doctrines, contestées par les protestants et les évangéliques. Ils sont cités ci-après d'après la Traduction Œcuménique de la Bible.

L'idée que le salut pourrait s'obtenir par les œuvres:
L'aumône délivre de la mort et elle purifie de tout péché. (Tobit 12:9)
Celui qui honore son père expie ses péchés. (Siracide 3:3)
Comme l'eau éteint le feu qui flambe, ainsi l'aumône efface les péchés. (Siracide 3:30)

L'idée que les anges et les croyants décédés pourraient intercéder:
Lorsque tu as prié, ainsi que Sara, c'est moi [l'ange Raphaël] qui ai présenté le mémorial de votre prière en présence de la gloire du Seigneur. (Tobit 12:12)
Seigneur, Dieu tout-puissant, écoute la prière des morts d'Israël. (Tobit 3:4)

(Note: La T.O.B indique toutefois en note que «l'expression est a prendre ici au sens figuré pour désigner les Israélites exilés».

L'idée qu'il serait utile de prier pour les morts et que cela permettrait de modifier leur sort:
Si, en effet, il n'avait pas espéré que les soldats tombés ressusciteraient, il eût été superflu et sot de prier pour des morts; s'il envisageait qu'une très belle récompense est réservée à ceux qui s'endorment dans la piété, c'était là une pensée sainte et pieuse: voilà pourquoi il fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu'ils fussent absous de leur péché. (2 Maccabées 12:44-45)

De telles notions n'apparaissent pas dans les Ecritures que tous reconnaissent comme canoniques. Elles paraissent même difficilement conciliables avec l'enseignement de l'apôtre Paul sur la justification dans l'épître aux Romains. Or, on se le rappelle, c'est cet enseignement qui avait bouleversé Martin Luther, alors moine, au point de l'amener à vouloir réformer l'Eglise. Une Réforme qui a finalement abouti à une séparation d'avec le mouvement catholique et dont le credo était: l'Ecriture seule, par la grâce seule, par la foi seule.

Les protestants sont divisés sur le sort à réserver à ces textes. Certains acceptent leur présence dans des éditions oecuméniques. D'autres ne veulent pas en entendre parler, jugeant significatif que, dans la littérature grecque chrétienne des quatre premiers siècles, aucun des apocryphes n'ait fait l'objet d'un commentaire ni d'une homélie. Il sera utile de relever que les auteurs des apocryphes eux-mêmes signalent l'absence de caractère normatif de leur ouvrage. 1 Maccabées 9:27 situe délibérément l'ouvrage après le temps des prophètes:
Ce fut en Israël une oppression comme il n'y en avait pas eu depuis la fin du temps des prophètes.

2 Maccabées 15:37-38 montre que l'auteur est conscient de ses limites:
Je finirai, moi aussi, mon ouvrage en cet endroit. Si la composition est bonne et réussie, c'est aussi ce que j'ai voulu; si elle a peu de valeur et ne dépasse guère la médiocrité, c'est tout ce que j'ai pu faire.

La lecture des apocryphes-deutérocanoniques, en particulier de 1 Maccabées, peut certes être utile pour connaître les événements de la période intertestamentaire, mais cet intérêt na pas paru suffisant à la Société Biblique de Genève pour qu'elle les intègre dans ses éditions de la Bible. La même appréciation a prévalu pour la Nouvelle Second 21.

Les textes rejetés par tous

Qu'en est-il des textes que les catholiques eux-mêmes appellent apocryphes? Il s'agit d'ouvrages pour la plupart faussement attribués à un personnage biblique célèbre, d'où la désignation courante de «pseudépigraphes». Leur période de composition s'étend du 2e siècle av. J.-C. au 2e siècle apr. J.-C., si bien que certains ouvrages sont contemporains du Nouveau Testament ou même postérieurs à lui. On les appelle néanmoins aussi parfois «écrits intertestamentaires».

Leur liste a des contours imprécis et se recoupe partiellement avec les écrits retrouvés à Qumrân. Parmi eux figurent le livre d'Hénoch, 3 et 4 Esdras, 3 et 4 Maccabées, la Prière de Manassé, le livre des Jubilés, les Testaments des douze patriarches, les Psaumes de Salomon, le Testament de Moïse, le Martyre d'Esaïe, l'Apocalypse d'Elfe ou encore les Oracles sibyllins, la Vie d'Adam et Eve (ou Apocalypse de Moïse, à l'esprit misogyne), la Lettre d'Aristée. Leur lecture permet de distinguer plusieurs caractéristiques: un intérêt prononcé pour le genre apocalyptique, un certain ésotérisme, une mention fréquente des démons et un dualisme plutôt tranché.

A l'inverse de ce qui se passe pour l'Ancien Testament, on ne trouve pas dans le Nouveau Testament de livres supplémentaires en fonction des éditions de la Bible. Comme Jean Calvin le relevait, il n'y a jamais eu de concile œcuménique qui ait défini le canon avant le concile de Trente déjà mentionné. Le concile de Carthage, en 397. avait bien publié une liste, mais c'était un concile local. Toutefois, dès le 2e siècle, on trouve, dans les écrits des Pères de l'Eglise, la reconnaissance de l'autorité de textes présents dans le canon actuel, et les lettres de Paul circulaient déjà en tant que corpus.

Toutefois, de même qu'il y avait des écrits non canoniques en milieu juif, les milieux chrétiens ont véhiculé des textes auxquels on n'a pas reconnu d'autorité. Datés des 1er et 2e siècles, certains d'entre eux - comme les épîtres de Clément, le Pasteur d'Hermas ou la Didaché - sont en règle générale conformes à l'enseignement des apôtres et livrent des instructions qui pouvaient être acceptées dans les Eglises en raison de leur orthodoxie. D'autres sont marqués par l'ésotérisme, les enseignements hérétiques et la pseudépigraphie. Leur rédaction va jusqu'au 7e siècle. Certains portent sur Jésus et Marie, comme l'Evangile de Pierre, l'Evangile secret de Marc ou les Questions de Barthélémy.

Le plus connu est certainement l'Evangile de Thomas. L'influence de l'hérésie gnostique se fait sentir tout au long de ce recueil de 114 paroles (ou logia), avec en particulier le mythe de l'androgyne primordial. Le dernier logia a de quoi faire hurler les féministes (et pas seulement elles, osons l'espérer!) et montre une différence réelle avec l'enseignement des ouvrages canoniques:

Simon Pierre leur dit: «Que Marie nous quitte, car les femmes ne sont pas dignes de la Vie.» Jésus dit: «Voici que moi je l'attirerai pour la rendre mâle, de façon à ce quelle aussi devienne un esprit vivant semblable à vous, mâles. Car toute personne qui se fera mâle entrera dans le Royaume des cieux.»

Le Protoévangile de Jacques, ou Nativité de Marie, a exercé une influence considérable sur la piété mariale. Il présente Marie comme née d'une mère stérile et comme une vierge perpétuelle, puis brode sur les récits évangéliques de la naissance de Jésus, qu'il situe dans une grotte. L'Evangile du Pseudo-Matthieu, le Livre de la nativité de Marie ainsi qu'une Histoire de l'enfance de Jésus complètent le tableau. Quant à la doctrine catholique de l'Assomption de la vierge, elle peut trouver un certain appui dans la Dormition de Marie du Pseudo-Jean.

Ecrit clairement gnostique découvert à Nag Hammadi en 1945, l'Evangile de Philippe présente Marie de Magdala comme la compagne de Jésus, idée qui a été reprise dans certains films ou écrits récents. Un autre texte qui a fait parler de lui est celui de l'Évangile de Judas, dont une fondation helvétique s'est chargée de la traduction à partir du copte. Il s'agirait de documents datés entre les 3e et 4e siècles. Nous disposons par ailleurs d'Actes d'André, de Jean, de Pierre, de Paul, de Philippe, de Thomas. Un dernier groupe est constitué de visions et «révélations»: l'Ascension d'Esaïe, l'Apocalypse d'Esdras, les Odes de Salomon, l'Apocalypse de Paul, l'Apocalypse de Pierre.

De temps en temps, certains brandissent l'un ou l'autre de ces pseudépigraphes, crient au complot, prétendant que pendant des siècles l'Eglise a caché la vérité à ses membres et les a tenus dans une ignorance inadmissible. C'est notamment le ressort dramatique du Da Vinci Code, de Dan Brown. Comme déjà signalé, aucun concile oecuménique n'a défini le canon des Ecritures. Il s'est en quelque sorte imposé de lui-même sur les fondations posées par les apôtres. Par ailleurs, outre leur tendance à l'ésotérisme (par définition marqué du sceau du secret élitaire), les écrits apocryphes et pseudépigraphes recourent à un surnaturel beaucoup moins sobre que celui des textes canonique. Il est particulièrement étonnant de voir aujourd'hui que certains rejettent d'un côté les miracles des Evangiles canoniques et, dans le même temps, prêtent foi aux pseudépigraphes et à leur merveilleux. Cette attitude correspond assez bien à celle contre laquelle l'apôtre Paul met en garde:

Un temps viendra où les hommes ne supporteront pas la sainte doctrine. Au contraire, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables ils se donneront une foule d'enseignants conformes à leurs propres désirs. Ils détourneront l'oreille de la vérité et se tourneront vers les fables. 2 Timothée 4:3-4, trad Segond 21.

 


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