Du grain à moudre ...

Meunier tu dors, ton moulin, ton moulin va trop vite, meunier tu dors ton moulin, ton moulin va trop fort…
- Comptine populaire

Comme il a pensé dans son âme, tel il est… 
- Proverbe 23:7

Des pilons dans les mortiers jusqu’aux moulins à vent en passant par les meules de pierre actionnées par des animaux, depuis la nuit des temps, les hommes broient du grain pour en faire de la farine. Quelle que soit l’époque, quelle que soit la méthode, une chose est certaine, du mauvais grain ne peut donner une bonne farine et une mauvaise farine ne fera jamais du bon pain.

Du grain à moudre - Moulin à vent dans un pré de maïs

Je ne suis pas meunier et probablement la plupart d’entre vous non plus, mais nous avons tous un point en commun avec cette antique profession, nous avons du grain à moudre.
Voilà… une fois de plus je vous ai perdus, mais laissez-moi tenter de m’expliquer.

Nous sommes tous équipés d’un petit moulin qui tourne encore et encore, il ne s’arrête que lorsque nous dormons et encore, ce n’est pas vraiment qu’il s’arrête, mais plutôt que nous ne sommes plus pleinement conscients qu’il continue de moudre. Je veux parler de notre vie de pensées.
Du matin au soir, que nous y prêtions attention ou pas, des pensées tournent en boucle, s’enchaînent, s’éparpillent, tourbillonnent et nous laissent souvent, à la fin de nos journées, épuisés et vides.
Bribes de chansons, soucis divers et variés, slogans publicitaires bien huilées, notre cerveau broie sans cesse des pensées plus ou moins clairement formulées ; elles occupent toute la place, se nichent dans les moindres recoins, s’accrochent aux aspérités de nos mémoires pour revenir déformées et voltigeantes encombrer encore une fois les pierres de meule de nos réflexions incontrôlées.

Ce n’est pas une fatalité.

Nous avons réussi à domestiquer de nombreuses espèces animales, pas souvent dans leur intérêt, il est vrai, mais nous avons encore du mal à domestiquer nos pensées. Elles évoluent indépendamment de notre volonté et influencent nos émotions, nos réactions, notre comportement. Nous devons réaliser que le pain de nos vies est constitué — en grande partie — du grain qui est moulu dans nos pensées.
Puisque nous ne pouvons arrêter le moulin de nos pensées, donnons-lui du bon grain à moudre.

– Les pensées d’amertumes, de regrets, cette moisson de « si j’avais su, si j’avais pu » donneront toujours une farine amère, un pain lourd et indigeste.
– Les épis du futur, aussi beaux soient-ils produisent une farine d’apparences agréables, légère et fine, mais sans aucun pouvoir nourricier. S’il est évidemment utile de mettre des grains d’espérance dans toutes les farines que nous consommons, il nous faut cependant, au présent, quelque chose de plus consistant, de l’énergie, des nutriments pour nos vies intérieures, un pain qui rassasie et favorise la croissance.
Et pour cela, existe-t-il des semences meilleures que les pensées de notre Grand Concepteur ?
Lui qui nous a voulus, aimés, il nous a pardonnés, accueillis encore et encore avec une générosité immense, n’est-il pas le mieux placé pour nous donner du grain à moudre ? Puisque sa Parole a amené à l’existence tout ce qui existe, puisqu’elle continue de soutenir tout ce qui est, elle est le meilleur grain que nous puissions imaginer.

Apprenons donc à le récolter avec sagesse, et faisons le choix tout au long de nos journées d’en jeter régulièrement de belles poignées dans les meules avides de nos pensées. Prenons ensuite le temps de pétrir cette précieuse farine, de la mélanger à l’eau vive de l’Esprit, laissons lever et déposons ces pains précieux dans la chaleur de la confiance. J’espère que vous pouvez déjà sentir la bonne odeur qui se dégage, un pain tout frais, encore chaud, délicieux dans la bouche, nourrissant pour l’âme.

Puisque la Covid persiste à vouloir troubler nos petites vies toutes tracées, profitons du temps de qualité que cela peut nous offrir pour devenir de sages meuniers. Soyons des femmes et des hommes avisés qui savent en toute modestie, donner du bon grain à moudre au moulin de leurs pensées.
Et si jamais vous avez un peu plus de pain frais que ce que vous pouvez en consommer, ouvrez bien les yeux et les oreilles, il y a très probablement quelques âmes affamées autour de vous qui ne demanderont pas mieux que de goûter cette nourriture de qualité. Qui sait, cela peut susciter chez eux l’envie de devenir à leur tour, des meunières et des meuniers avisés.

Meunièrement votre,

Philip

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© Tous droits réservés: Philip Ribe

Mai

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