9. Le sommet de la prophétie

Le prophète Daniel - Un message pour notre temps - John H. Alexander - La Maison de la Bible

L'épine dorsale de la prophétie... le panorama de l'Histoire... la plus grande prophétie de tous les temps... le plus grand chapitre de la Bible... le sommet de la prophétie... telles sont les expressions choisies par les commentateurs bibliques pour montrer l'importance de Daniel 9.

Si Dieu a réservé une révélation spéciale à son serviteur Daniel, c'est parce que cet homme exercé par l'action de l'Esprit de Dieu, "poussé par l'Esprit", était capable de "parler de la part de Dieu" pour nous transmettre un message d'envergure exceptionnelle. C'est ce que dit l'apôtre:

"Aucune prophétie de l'Ecriture ne peut être un objet d'interprétation particulière, car ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu." 2 Pierre 1:20-21)

1) Daniel, un homme poussé par l'Esprit de Dieu

Le prophète approche de la fin de sa course; il est plus qu'octogénaire; soixante-huit ans se sont écoulés depuis qu'il a quitté Jérusalem, sa patrie, qu'il n'a jamais revue. Mais Daniel n'a pas perdu courage. Son esprit a été constamment nourri de la Parole divine, qui va soudain faire jaillir dans ses sombres circonstances un nouveau rayon d'espérance.

Une copie de la prophétie de Jérémie a miraculeusement franchi les quelque 1'000 kilomètres séparant Jérusalem de Babylone, pour parvenir entre les mains de Daniel. Quelle démonstration de la manière dont Dieu prend soin de sa Parole et veille à son acheminement auprès de ceux qui l'apprécient! A la lecture de ce texte, Daniel découvre que Dieu a même prévu la durée de l'exil: Soixante-dix ans. (Jérémie 24:5-10; 25:11-12; 29:10; cf. Daniel 9:2) Or, cette période est sur le point de s'achever: Daniel et ses compagnons ont été déportés à Babylone autour de l'an 605 av. J.-C., et le contexte historique de ce chapitre 9 le situe en l'an 538, la première année de Darius. (Daniel 9:1b)

Ainsi averti par les certitudes de l'Ecriture Sainte, Daniel s'est mis à prier avec une nouvelle ferveur, un nouvel élan, une nouvelle espérance. Il est vrai qu'à ce moment-là, les Mèdes et les Perses se sont emparés de la Babylonie et qu'un régime plus clément fait naître pour les Juifs l'espoir d'un retour d'exil auquel les Babyloniens se sont toujours opposés.

Que fait Daniel? Peut-être désire-t-il par-dessus tout retourner à Jérusalem. N'était-ce pas le vœu suprême de tout Israélite pieux, d'avoir le privilège d'y mourir? Mais le prophète ne revendique rien pour lui-même. Il a mieux à faire: il prie, il intercède et il confesse les fautes de son peuple. Daniel reconnaît toute la culpabilité de ses compatriotes, leurs transgressions et leurs infidélités dont il prend sa part. Puis il fait appel à la miséricorde souveraine du Dieu d'amour qui n'a jamais renié son alliance, lui rappelant avec insistance: "Ta justice... ta vérité... ton nom... ton peuple... ta ville... ton sanctuaire..." (Daniel 9:3-19)

Le prophète pourrait se prévaloir de son intégrité puisqu'il n'a pas participé aux péchés des Juifs de Jérusalem. Mais au contraire, il s'identifie à eux en tout: Dans cette magnifique prière apparaît (dans la version Segond) 22 fois le pronom nous et 14 fois les adjectifs possessifs notre, nos.

"La prière fervente du juste a une grande efficace." (Jacques 5:16)

La supplique de Daniel est là pour prouver le bien-fondé de cette affirmation apostolique : la ferveur du prophète fera mouvoir le bras de Dieu. Un homme qui vit près de Dieu apprend à voir comme Dieu voit, à penser comme Dieu pense, à s'affliger comme Dieu s'afflige. La prise de conscience des souffrances que les affronts renouvelés de l'humanité causent au Seigneur jette le témoin de Christ sur sa face, l'intercesseur sur ses genoux. L'humiliation de Daniel devant l'état moral de son peuple montre à quel point il est sensible à l'affliction de coeur du Tout-Puissant, face à la déchéance morale d'Israël.

Ah! que nos coeurs s'ouvrent, pas seulement à la détresse du monde, mais à la tristesse du Seigneur devant les désobéissances de l'Eglise qui est l'Israël de Dieu sous la grâce! Alors nous nous mettrons à prier comme les serviteurs de Dieu dans l'Ancien Testament ou comme les apôtres aux jours mémorables de l'Eglise primitive. (cf. Actes 4:23-31)

Cependant, n'oublions pas que la prière de Daniel lui a coûté très cher. Comme nous l'avons vu précédemment, le chapitre 9 s'inscrit dans les circonstances du chapitre 6, puisque les événements qu'il raconte sont datés de la première année de Darius. Alors que Daniel priait trois fois par jour, dans sa chambre, la fenêtre ouverte dans la direction de Jérusalem, ses adversaires entrèrent tumultueusement, le dénoncèrent devant le roi et le firent jeter dans la fosse aux lions. Pour Daniel, le plus important était de prier. En dépit de l'ordonnance royale qu'il connaissait sans doute, il plaidait la cause de son peuple, sans se laisser arrêter par les menaces qui pesaient sur sa vie. Daniel risquait sa vie pour prier.

C'est loin d'être le cas pour nous, et cependant nous négligeons de prier. Ne devons-nous pas reconnaître que, lorsque le Seigneur nous convie à l'intercession, nous sommes si souvent préoccupés de futilités que nous négligeons l'essentiel? Pourtant aucune fosse aux lions ne s'ouvrira pour nous si nous prions! Et n'oublions pas ceux qui, de nos jours, sont molestés, arrachés à leurs proches, tourmentés; car de nouveaux martyrs s'ajoutent constamment à la nuée de témoins qui ont tout donné pour Christ, que ce soit en Extrême-Orient, en pays islamiques ou ailleurs: Des hommes et des femmes qui veulent obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes et n'hésitent pas à confesser leur Seigneur, même au prix de leur vie. Faudrait-il de telles circonstances pour vraiment nous apprendre à prier?

Dans l'Ancien Testament, trois chapitres présentent de remarquables analogies: Esdras 9, Néhémie 9, Daniel 9; ces trois chapitres sont consacrés à la prière d'hommes de Dieu qui, s'identifiant au péché de leur peuple, réclamèrent la miséricorde et le pardon du ciel. Le Seigneur accorda des exaucements précis en réponse aux plaidoyers de ses serviteurs. Est- il étonnant que Daniel 9 rapporte l'intervention souveraine et rapide de Dieu?

"Avant qu'ils m'invoquent, je répondrai;
Avant qu'ils aient cessé de parler, j'exaucerai."
Esaïe 65:24

Daniel confessait encore le péché de son peuple que déjà le Seigneur répondait, envoyant Gabriel, son messager. (Daniel 9:21a) Détail touchant, Gabriel s'approcha de lui au moment de l'offrande du soir. (Daniel 9:21b) Depuis la destruction du Temple de Jérusalem par Nebucadnetsar, l'holocauste perpétuel n'était plus nulle part présenté matin et soir. Mais la vie de Daniel était comme un autel sur lequel brûlait trois fois par jour l'offrande de la prière; ce parfum d'agréable odeur montait régulièrement jusqu'au Seigneur, et il y eut exaucement.

2) Daniel, un homme qui parle de la part de Dieu

Les circonstances étaient exceptionnelles; le prophète était un homme exceptionnel; aussi l'exaucement fut-il exceptionnel! (Daniel 9:22-27) En quelques phrases, Dieu accorda à son serviteur une révélation prophétique d'une étendue jamais égalée dans toute la Bible. Deux faits ressortent de ce passage:

a) des indications mathématiques appartenant au calendrier de Dieu;
b) des caractéristiques prophétiques regardant le peuple de Dieu.

a) Des indications mathématiques appartenant au calendrier de Dieu

A travers les âges, les soixante-dix "semaines" de Daniel ont fait l'objet de très nombreuses interprétations. On dit que du temps de Jérôme (IVe siècle), il y avait déjà neuf explications divergentes de ce passage.

"Il m'instruisit et s'entretint avec moi. Il me dit : Daniel, je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence." (Daniel 9:22)

Laissons-nous arrêter par cette parole: si Daniel, qui vivait pourtant si près de son Seigneur, avait besoin que le messager du ciel ouvre son intelligence, à combien plus forte raison est-il nécessaire pour nous, non seulement que nous soyons visités par l'Esprit-Saint, mais que cet Esprit illumine notre entendement et éclaire notre intelligence naturellement obscurcie. (Ephésiens 1:17-18, 4:18)

Penchons-nous premièrement sur les termes utilisés en Daniel 9:22-27. L'expression "semaines" (héb. schabua, grec hepta) désigne littéralement une collection de sept choses. D'une part, le contexte nous aide à saisir le sens de ce mot "semaines" qui se profile sur la toile de fond des soixante-dix années de captivité. (Daniel 9:2) D'autre part, Dieu avait prescrit pour Israël des années sabbatiques où la terre devait se reposer, et la désobéissance à cette loi fut l'une des causes du jugement des captivités. (2 Chroniques 36:21) Il est donc certain que les semaines de ce chapitre sont des semaines d'années.

Trois périodes distinctes sont successivement mentionnées : sept semaines, soixante-deux semaines, une semaine. Certains événements se déroulent pendant les soixante-neuf premières semaines, alors que d'autres appartiennent exclusivement à la soixante-dixième semaine. Comme nous allons le voir, ces deux périodes prophétiques concernent des événements d'une importance considérable: la crucifixion du Messie (la soixante-neuvième semaine) et les circonstances précédant son retour en gloire (la soixante-dixième semaine).

La prophétie de Daniel 9 a pour objet principal d'annoncer qu'un Oint (le Messie) devra être retranché; (Daniel 9:26) or cet Oint ne peut être que le Christ (traduction du mot "oint" en grec). Le prophète Esaïe l'avait annoncé comme Celui qui doit être Oint du Saint-Esprit pour annoncer l'Evangile (Matthieu 3:13-16; cf. Esaïe 61:1 et Luc 4:18) avant d'être retranché de la terre des vivants. (Esaïe 53:8)

Mais n'anticipons pas. Il nous faut examiner maintenant le point de départ de ces soixante-dix semaines, que Daniel indique avec précision:

"Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie... " (Daniel 9:25)

Trois édits royaux ont été prononcés en faveur des Juifs par les souverains de Perse:

Telle fut donc l'occasion où "la parole" annonça "que Jérusalem sera rebâtie", et c'est à partir de cette date (445) que s'échelonnent les soixante-neuf semaines d'années :

"Depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem, jusqu'au Messie, le Prince, il y a sept semaines et soixante-deux semaines." (Daniel 9:25 version Darby)

Peut-être le Temple a-t-il rempli sa fonction pendant sept semaines d'années (49 ans) alors que durant 62 semaines (434 ans), l'office sacerdotal a-t-il été profané par des mains impies. Fait prépondérant, le texte original montre que les deux périodes de sept semaines et de soixante-deux semaines s'additionnent:

Soixante-neuf semaines de sept ans, cela fait quatre cent quatre-vingt-trois ans, ce qui, de l'an 445 av. J.-C. nous amènerait théoriquement à l'an 37 de l'ère chrétienne, si l'on tient compte de l'année de départ. Cependant, notre calcul est encore incomplet. Dans l'Ecriture, il est des années ordinaires (365 jours) et des années prophétiques (360 jours). La comparaison des périodes mentionnées dans ce passage (en particulier Daniel 9:27 où il est question d'une moitié de semaine d'années, correspondant aux trois ans et demi cités ailleurs dans l'Ecriture) et des autres prophéties de Daniel ou de l'Apocalypse montre que nous sommes vraisemblablement confrontés à des années prophétiques. Il nous faut donc soustraire sept ans et quelques jours au résultat précédemment obtenu, puis encore tenir compte de la chronologie qui retranchera une nouvelle année dans notre calcul de dates en passant directement de l'an 1 av. J.-C. à l'an 1 apr. J.-C., puisque évidemment, il n'y eut pas d'année zéro.

Enfin, une grave inconnue demeure: la date de la mort d'Hérode le Grand, de toute évidence postérieure à la naissance de Christ. Au Vle siècle de l'ère chrétienne, le moine Denys, chargé d'établir le calendrier, indiqua à tort l'année 754 de Rome pour la naissance de Jésus-Christ. Or le Seigneur naquit vraisemblablement en l'an 750 ou 749 du calendrier romain, puisque la plupart des historiens situent la mort d'Hérode autour de l'an 751, soit aux environs de l'an 3 avant l'ère chrétienne. On s'aperçut plus tard de cette méprise, mais l'on n'apporta aucune correction au calendrier chrétien, si bien que, paradoxalement, Jésus-Christ est né en l'an 5 ou en l'an 4 avant notre ère.

  le temps de la grâce non révélé à Daniel

les Romains détruisent Jérusalem

les Juifs sont dispersés
 
sept semaines + soixante-deux semaines = 483 ans Jérusalem est foulée aux pieds

l'Eglise (mystère caché de tout temps) est manifestée

l'Evangile est annoncé

la chrétienté devient apostate


Israël retrouve sa patrie





dernier événement de cette période : l'enlèvement de l'Eglise militante de Jésus-Christ et le retour du Seigneur à la rencontre des siens





déjà 20 siècles
soixante-dixième semaine = 7 ans

69 semaine d'années


= de l'an 445 av. J.-C. à l'an 29 ou 30 ap. J.C.
(voir explications plus haut)

règne de l'Antéchrist
première moitié (3 ans et demi) alliance de l'Antéchrist avec le peuple juif (v. 27a)
Israël adore dans un temple restauré
rupture de l'alliance

deuxième moitié (3 ans et demi) les sacrifices cessent à Jérusalem (v. 27b) l'abomination de la désolation dans le sanctuaire (v. 27c)
la grande tribulation (Apoc. 7:14)
Jérusalem assiéglée par toutes les nations
Israël dans le détresse
le retour foudroyant de Christ, frappant l'Antéchrist et délivrant Israël

   

Tenant compte de toutes ces considérations, les 483 ans partant de l'an 445 av. J.-C. aboutissent soit à l'an 29 soit à l'an 30 de l'ère chrétienne, c'est-à-dire à l'année-même de la crucifixion du Messie. Car Jésus, né autour de l'an 4 avant l'ère chrétienne avait environ 30 ans lorsqu'II commença Son ministère. (Luc 3:23) Durant trois années, sa grâce se déversa sur les foules de Palestine. Puis il fut arrêté, condamné, et mis à mort. Cet événement s'accomplit donc au mois de la Pâque de l'an 29 ou de l'an 30, comme Daniel en avait eu révélation, exactement 483 ans après qu'Artaxerxès engagea Néhémie à reconstruire Jérusalem, en l'an 445, au mois de Nisan (mars-avril).

Au lieu d'accuser Christ de blasphème quand, lors de son arrestation, il affirma sa divinité, les Juifs auraient mieux fait de se pencher sur la prophétie de Daniel 9: selon le calcul des semaines d'années, ils auraient pu apprendre que, précisément durant la fête de Pâque qu'ils s'apprêtaient à célébrer, le Messie devait être "retranché". Cependant, étant déjà tombés sous le jugement d'aveuglement, ils ne pouvaient in extremis reconnaître le Fils de Dieu! (Jean 9:39)

Penchons-nous encore sur la seconde partie du verset cité plus haut:
"Dans soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux." (Daniel 9:25b)

Places et fossés avaient bien été rétablis par Hérode le Grand, dans ses efforts de plaire aux Juifs: ne lui devait-on pas une reconstruction du Temple qui s'était poursuivie pendant quarante-six ans ? (Jean 2:20) Mais ces travaux s'achevèrent dans les "temps fâcheux" annoncés par le prophète, à savoir la période du crime le plus "fâcheux" de l'histoire, la crucifixion du Messie. Et, conséquence de ce crime, "le peuple d'un chef qui viendra" (les Romains) détruisit la ville et le Temple, en l'an 70 de l'ère chrétienne. (cf. Daniel 9:25)

* * * * *

La plupart des événements annoncés en Daniel 9 concernent la soixante-dixième semaine. Dans son calendrier, Dieu aurait pu placer ces sept années juste après les événements de la crucifixion. Il n'en fut rien. Pourquoi?

Si les soixante-neuf premières semaines se sont accomplies avant la crucifixion de notre Seigneur, la soixante -dixième semaine appartient encore à l'avenir, le Tout-Puissant l'ayant comme mise en réserve jusqu'à la fin du temps de la grâce. Pendant dix- neuf siècles, Israël a été écarté de la scène internationale. Maintenant, il redevient le centre des préoccupations de tous les peuples. Bientôt le sort des nations se jouera sur la question juive. Alors le monde entier entrera dans cette soixante-dixième semaine prévue par Daniel, où s'accompliront des événements de grande importance.

Un long intervalle sépare donc ces deux périodes distinctes de l'histoire d'Israël. Bien que connaissant dans sa prescience tout le déroulement de l'histoire, Dieu avait caché une partie de ses plans aux prophètes de l'Ancien Testament, qui n'avaient vu que certains aspects de la révélation prophétique : retour des captifs de la dispersion, jugement des nations, rétablissement d'Israël, avènement du royaume messianique.

En réservant à une période future la réalisation de ces événements prédits par l'Ancien Testament, Dieu permettait que la croix du Calvaire soit à la charnière de deux dispensations réservées aux hommes. Dieu accomplissait ainsi son plan de grâce. Il choisit alors son serviteur l'apôtre Paul pour lui accorder révélation du mystère caché de tout temps, (Colossiens 1:26) ce mystère qui n'avait pas été manifesté aux fils des hommes dans les autres générations comme il a été révélé maintenant par I'Esprit aux saints apôtres et prophètes de Christ : (Ephésiens 3:5,9) le temps de la grâce et de la révélation de l'Eglise de Jésus-Christ. Les prophètes n'ont pas compris ce mystère, et les apôtres eux-mêmes eurent de la peine à l'accepter, tant leurs conceptions étaient rivées sur les seuls enseignements de l'Ancien Testament.

b) Des caractéristiques prophétiques regardant le peuple de Dieu

Fidèle à ses desseins pour son peuple, Dieu confia à Daniel les secrets de l'histoire d'Israël à la fin des siècles. Daniel 9:24 énumère six faits précis qui doivent se réaliser à ce moment-là :

"Soixante-dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte..." (Daniel 9:24a)

1. Pour faire cesser les transgressions...

C'est une allusion à la purification nationale d'Israël, enfin guéri de sa transgression séculaire: incrédulité et aveuglement à l'égard du Fils de Dieu. Un jour – bientôt –

"Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem
Un esprit de grâce et de supplication,
Et ils tourneront les regards vers moi,
Celui qu'ils ont percé.
Ils pleureront sur lui comme on pleure sur un Fils unique."
(Zacharie 12:10

2. Pour mettre fin aux péchés (litt. "pour restreindre les péchés")...

Tant que l'homme veut se corriger Iui-même, ses efforts demeurent vains. Mais quand Dieu veut transformer l'individu, Il change son coeur. (cf. Ezéchiel 36:26) Alors cet homme manifeste les fruits d'une vie nouvelle et peut être en bénédiction à son entourage. Telle sera aussi l'expérience d'Israël à l'échelle nationale : lorsqu'il se convertira, Dieu changera son coeur. Ce sera alors un acte d'envergure produit par l'Esprit-Saint sur le peuple élu, une véritable résurrection que le prophète Ezéchiel avait esquissée il y a 25 siècles déjà. (Ezéchiel 37) Alors le péché pourra être "restreint" et Israël sera en bénédiction au monde entier.

3. Pour expier l'iniquité... (Daniel 9:24c)

Lorsque le peuple du Messie se tournera vers Celui qu'il a percé, il découvrira la valeur de l'oeuvre expiatoire de Christ accomplie à Golgotha:

"En ce jour-là, une source sera ouverte
Pour la maison de David et les habitants de Jérusalem,
Pour le péché et pour l'impureté."
(Zacharie 13:1)

4. Pour amener la justice éternelle... (Daniel 9:24d)

Pendant des siècles, Israël a cherché à se justifier aux yeux de tous, voulant impressionner l'opinion mondiale par l'observation stricte de la loi de Moïse, puis par des réalisations (Romains 9:31; 11:6-7) spectaculaires, par des intrigues politiques, voire même par les effets de sa stratégie militaire. Mais le jour viendra où il se tournera vers David, "le Germe juste", (cf. Jérémie 23:5-6) et où il recherchera enfin, devant Dieu, la justice éternelle, celle que Christ seul peut imputer en réponse à la foi.

5. Pour sceller la vision et le prophète (litt. la prophétie)... (Daniel 9:24e)

La plupart des prophéties de l'Ancien Testament convergent vers le jour glorieux où Christ reviendra. Or le livre des Actes présente cet événement comme le rétablissement de toutes choses. Alors la prophétie sera "scellée".

6. Pour oindre le Saint des saints (le lieu très saint)... (Daniel 9:24f)

Cette expression rappelle le Tabernacle ou le Temple. Aux jours terribles de la soixante-dixième semaine de Daniel, un temple sera dressé à Jérusalem. Nous l'avons vu au sujet du chapitre 8 : avant d'être consacré à l'adoration du Dieu très-haut, il sera l'objet d'une monstrueuse profanation. Pour les uns, il s'agit d'un temple collectif de la chrétienté, que l'Antéchrist doit occuper et souiller. Pour d'autres, ce sera un temple juif élevé à Jérusalem, qu'Israël ouvrira peut-être à tous les cultes, dans ses efforts désespérés d'obtenir le soutien religieux des diverses confessions. Un temple qui pourrait être celui évoqué en Apocalypse 11 (Apocalypse 11:1-2) puisque son parvis est ouvert aux nations. De toutes façons, ce sera le cadre rêvé pour l'Antéchrist, dont le but sera de s'asseoir dans le temple de Dieu et de se proclamer lui-même Dieu. (cf. Matthieu 24:15 et 2 Thessaloniciens 2:4)

* * * * *

Est-il étonnant qu'après un tel sacrilège, ce sanctuaire doive être "purifié" et "oint" pour accueillir "Celui" qui reviendra "dans son Temple"? Pour les uns, le futur "troisième Temple" devra être démoli pour laisser la place à un "quatrième Temple" digne d'accueillir le Seigneur. Pour d'autres, avant que Christ ne l'occupe, le sanctuaire alors érigé à Jérusalem aura été l'objet d'une purification ordonnée par Celui qui, déjà lors de sa première venue sur terre, avait chassé les voleurs et brigands (cf. Matthieu 21:12-13; Jean 2:14-16) de ce qui était alors le "deuxième Temple". L'usurpateur, l'Antéchrist, aura brigandé le monde pendant 7 ans et volé le sacerdoce réservé au Roi des rois pendant 3 ans et demi. Et soudain

"... entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez;
Et le Messager de l'alliance que vous désirez, voici, il vient,
Dit l'Eternel des armées.
Qui pourra soutenir le jour de sa venue?
Qui restera debout quand il paraîtra?"
(Malachie 3:1-2)

Le Seigneur n'a-t-il pas prévenu les pharisiens et les docteurs de la loi en ces termes:
"Voici, votre maison vous sera laissée déserte; car je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur!" (Matthieu 23:38-39)

Dans Daniel 9, l'Antéchrist est présenté comme "le chef qui viendra". Ayant réussi à rassembler une confédération de dix nations autour du bassin méditerranéen, il tendra la main à Israël et contractera une alliance avec lui. (cf. Daniel 7:7-8; Apocalypse 13:1; 17:12-13) Puis il rompra cette alliance au milieu de la soixante-dixième semaine et se retournera contre lui:

"II fera une solide alliance avec plusieurs pendant une semaine, et durant la moitié de la semaine il fera cesser le sacrifice et l'offrande; le dévastateur commettra les choses les plus abominables, jusqu'à ce que la ruine et ce qui a été résolu fondent sur le dévastateur." (Daniel 9:27)

Heure pathétique où Jacob connaîtra un temps d'angoisse, (Jérémie 30:7; Daniel 12:7) la grande tribulation. (Apocalypse 7:14) Pendant trois ans et demi – quarante-deux mois, (Apocalypse 11:2; 13:5) mille deux cent soixante jours, (Apocalypse 11:3; 12:6) un temps, des temps et la moitié d'un temps, (Apocalypse 12:14; Daniel 7:25; 12:7) – l'abomination de la désolation souillera le sanctuaire de Jérusalem. (cf. Daniel 9:27 et Matthieu 24:15)

Alors Israël comprendra peut-être le sens des avertissements du prophète:
"Votre alliance avec la mort sera détruite,
Votre pacte avec le séjour des morts ne subsistera pas;
Quand le fléau débordé passera,
vous serez par lui foulés aux pieds."
(Esaïe 28:18)

Mais le triomphe du méchant sera éphémère:
"La ruine et ce qui a été résolu fondront sur le dévastateur." (Daniel 9:27)
"Sa fin arrivera comme par une inondation; il est arrêté que les dévastations dureront jusqu'au terme de la guerre."
(Daniel 9:26)

Plusieurs passages de l'Ecriture décrivent le dénouement dramatique du règne de l'Antéchrist et le châtiment du tyran. Nous nous bornerons à en citer un seul:

"Voici, son âme s'est enflée, elle n'est pas droite en lui;
Mais le juste vivra par sa foi.
Pareil à celui qui est ivre et arrogant,
L'orgueilleux ne demeure pas tranquille;
Il élargit sa bouche comme le séjour des morts,
ll est insatiable comme la mort;
Il attire à lui toutes les nations,
Il assemble auprès de lui tous les peuples.
Ne sera-t-il pas pour tous un sujet de sarcasme,
De railleries et d'énigmes?
On dira:
Malheur à celui qui accumule ce qui n'est pas à lui!
Jusqu'à quand?...
Malheur à celui qui augmente le fardeau de ses dettes!
Tes créanciers ne se lèveront-ils pas soudain?
Tes oppresseurs ne se réveilleront-ils pas?
Et tu deviendras leur proie.
Parce que tu as pillé beaucoup de nations,
Tout le reste des peuples te pillera;
Car tu as répandu le sang des hommes,
Tu as commis des violences dans le pays,
Contre la ville et tous ses habitants."
(Habakuk 2:4-8)

Bien sûr, le prophète Habakuk entrevoyait premièrement dans ces versets le roi de Babylone; mais l'Esprit-Saint va bien au-delà, puisqu'il nous présente ici l'usurpateur des temps de la fin: Il attirera toutes les nations à lui; il pillera beaucoup de nations, mais le reste des peuples le pilleront aussi. Car dès le début de ce passage, la note triomphante de la victoire divine retentit comme un son de trompette au sein de cette sombre péroraison : Le juste vivra par sa foi. (Habakuk 2:4; Romains 1:17; Galates 3:11; Hébreux 10:38)

Et cette proclamation franchit les siècles pour nous réconforter, alors que doivent s'accomplir les événements marquant la fin des civilisations, dont Daniel nous a instruits. Soyons ces justes qui vivent par la foi, car en dernier ressort, toute la gloire en revient au Seigneur.

Après le pseudo-conducteur des nations venu pour les séduire et pour les tromper, apparaîtra le vrai Conducteur, (Daniel 9:25) Celui que l'Ecriture présente comme "l'Arbitre d'un grand nombre de peuples", (Esaïe 2:4; Michée 4:3) "le Chef et Dominateur des peuples",(Esaïe 55:4) Celui "qui ramènera la paix".(Michée 5:4) Après avoir connu la paix la plus illusoire, le monde acclamera Jésus-Christ, le véritable Prince de la paix. (Esaïe 9:5) Après son alliance avec la mort, (Esaïe 28:18) Israël entrera dans une alliance de vie. (Jérémie 31:31-34) Après les séductions du faux oint, le monde reconnaîtra le véritable Oint.

Peut-être comprenons-nous mieux comment l'Antéchrist prépare dès aujourd'hui sa venue: il cherche à perturber la chrétienté par les manifestations de sa fausse onction, de ses faux charismes attribués à tort au Saint-Esprit! Paul l'avait pressenti:

"Si quelqu'un vient vous prêcher un autre Jésus que Celui que nous avons prêché, ou si vous recevez un autre esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien." (2 Corinthiens 11:4)

Mais après la séduction, le Véritable viendra sur les nuées. Après la terreur s'instaurera la félicité. Après les douleurs, l'humanité connaîtra la joie. Après l'esclavage, elle goûtera la libération. Après le plus terrible des asservissements, le monde découvrira la plus glorieuse des rédemption.

3) Conclusion: un appel pathétique adressé aux enfants de Dieu

Une application s'impose à notre étude. Nous avons lu:

"Un Oint sera retranché, et il n'aura pas de successeur." (litt. "et il n'aura personne pour lui.") (Daniel 9:26)

Christ, I'Oint, a été retranché de son peuple à la croix du Calvaire. Ses disciples l'ont abandonné, sa nation l'a trahi. Le monde s'est détourné de Lui. Au moment même, personne ne s'est levé pour prendre sa défense. Mais, après la Pentecôte, des multitudes de vainqueurs ont relevé le défi, offrant leur vie au divin Crucifié. Or aujourd'hui, l'Oint appelle encore des "successeurs".

Sera-t-il dit: il n'aura personne pour Lui?

Non, car en ce jour, je veux, nous voulons tous nous décider pour Lui, Le suivre, Le servir et Le glorifier en ces temps de la fin!