Retrouver la santé spirituelle

Si vous avez besoin d'un diagnostic divin, tournez-vous vers le livre d'Osée:

C'est si facile de se soustraire à la communion réelle avec Dieu. Il en résulte, souvent imperceptiblement, une perte de notre équilibre spirituel. Si l'on n'y remédie pas au plus tôt, cela peut entraîner des effets désastreux. Cependant la prière exprimée en Hébreux 13:20-21 laisse entrevoir une possibilité de restauration:

«Que le Dieu de paix... vous rende capables de toute bonne oeuvre», phrase qui pourrait aussi être rendue ainsi: «Que le Dieu de paix... restaure votre équilibre

Un bras démis doit immédiatement être rajusté, afin que les forces vives qui sont dans le corps lui rendent ses fonctions essentielles. Sur le plan de nos relations avec Dieu, il nous faut peut-être un rajustement de cet ordre, afin de retrouver notre équilibre spirituel et d'assumer à nouveau nos véritables fonctions au sein du corps de Christ.

Tel était l'objectif du message d'Osée, sans doute le plus émouvant des écrits prophétiques. Un message qui a jailli des profondeurs de la tragédie de sa vie privée. Osée s'adressait alors à Ephraïm, mais au travers de ce destinataire le Seigneur entrevoyait le royaume des dix tribus du Nord, parmi lesquelles Ephraïm occupait une position prépondérante.

Osée pose le diagnostic des causes du déclin spirituel d'Israël, la plus importante étant la superficialité de ses relations avec Dieu:

Que te ferai-je, Ephraïm?
Que te ferai-je, Juda?
Votre piété est comme la nuée du matin,
Comme la rosée qui bientôt se dissipe.
(Osée 6:4 )

Notre époque est caractérisée par la superficialité, et rien n'est plus facile que de transposer cette tendance dans nos relations avec Dieu. Il est rare que nous lui donnions le temps d'agir profondément et radicalement en nous. Même lorsque nous sommes convaincus de péché, nous ne laissons pas le Saint-Esprit oeuvrer dans notre coeur jusqu'à y créer la haine du péché. Nous admettons avec légèreté notre culpabilité, sans pour autant traiter le mal à la racine. Bien sûr, nous souhaitons faire mieux et élever le niveau de notre vie spirituelle, mais par nos bonnes résolutions nous faisons l'économie de la repentance et du renoncement. Et ces résolutions sont souvent éphémères.

Ephraïm était inconstant dans sa piété; elle pouvait s'évanouir comme le nuage matinal, s'évaporer comme la rosée de l'aube. Il semble que cette inconstance d'Ephraïm posait un problème à Dieu puisqu'il s'exclame: «Que te ferai-je, Ephraïm?»

Notre instabilité et notre superficialité rendent aussi Dieu perplexe. Mais souvenons-nous - et c'est encourageant - que Simon le versatile a été transformé sous l'influence du Saint-Esprit en un Pierre aussi solide que le roc.

Un deuxième danger nous guette, celui d'une sanctification partielle.

Dans le langage pittoresque de l'hébreu, nous lisons: Ephraïm est un gâteau qui n'a pas été retourné. (Osée 7:8 )

Cette image était familière à tout Israélite. Et aujourd'hui toute ménagère sait par expérience combien il est humiliant de constater devant ses hôtes que son gâteau est cuit à l'extérieur mais pas à l'intérieur. Le gâteau évoqué dans ce passage se cuisait sur un gril; si l'on négligeait de le retourner, il brûlait d'un côté et manquait de cuisson de l'autre. Quelle fidèle image de notre caractère, souvent surdéveloppé d'un côté et retardé de l'autre; certains progrès réjouissants sont comme neutralisés par de regrettables déficiences.

A vrai dire, cette carence de sanctification nous guette tous, car nous soustrayons volontiers certains domaines de nos vies au feu consumant du Saint-Esprit. D'aucuns sont avancés dans la connaissance biblique, mais leur expérience spirituelle de la grâce n'est qu'élémentaire; d'autres sont généreux de nature mais violents de tempérament, ou encore rigoureux sur le plan de la doctrine mais pauvres dans l'expérience de l'amour chrétien. Nous souffrons tous d'un développement inégal. Mais ne perdons pas courage, car sous le gril la flamme continue de brûler. Il est donc encore temps de retourner le gâteau afin que le processus de cuisson se poursuive. Exposons au feu de l'Esprit de Dieu nos traits de caractère demeurés déficients et impropres à son royaume, afin qu'il puisse pleinement nous sanctifier.

Mentionnons encore un troisième péril, celui d'une séparation incomplète.

Ephraïm est attaché aux idoles: laisse-le! (Osée 4:17 )
Ephraïm se mêle avec les peuples. (Osée 7:8 )

Le texte biblique n'envisage pas ici la fausse séparation qui met les gens du monde hors de notre portée et nous empêche de les atteindre pour les gagner à Christ. Quand Jésus a dit: «Vous êtes le sel de la terre», il ne voyait pas le sel dans un plat et la viande dans un autre. Jamais il n'a proposé aux chrétiens de s'isoler en livrant le monde au diable. Ne fut-il pas lui-même l'objet de critiques des pharisiens, précisément parce qu'il refusait cette forme de séparation? «Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux» (Luc 15:2).

Mais il est une séparation obligatoire à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire. Ephraïm devait se séparer de ses idoles et des nations païennes. Ne nous méprenons pas sur le sens de cette parole, comme si Dieu avait dit d'Ephraïm: «Puisqu'il tient à ses idoles je les lui laisse. Cela ne m'empêchera pas d'être avec lui.» Tout au contraire, l'Eternel se lamente:

Que ferai-je de toi, Ephraïm? Dois-je te livrer, Israël? Osée 11:8

Dieu n'allait pas abandonner Ephraïm, mais il avertit Juda de ne pas suivre son exemple:

Si tu te livres à la prostitution, ô Israël, Que Juda ne se rende pas coupable. (Osée 4:15)

C'est si facile de prendre exemple sur le monde et d'abaisser le niveau de notre vie morale. Mais Dieu dit: «Laisse-le.» Certaines collaborations avec le monde doivent être rompues. Encore qu'il ne faille pas confondre rupture et isolation. Notre Seigneur était «séparé des pécheurs» (Hébreux 7:26) mais cette séparation concernait le plan moral et spirituel, pas le plan rationnel.

Il faut considérer enfin le danger d'une détérioration inconsciente.

Des étrangers consument sa force,
Et il ne s'en doute pas;
La vieillesse s'empare de lui,
Et il ne s'en doute pas.
(Osée 7:9 )

Les cheveux blancs, signe de déclin de la vitalité physique, apparaissent très progressivement. Rares sont ceux qui blanchissent en une nuit. De même le déclin spirituel est généralement inconscient. Les rétrogrades ne le deviennent pas du jour au lendemain; mais leur vision spirituelle s'estompe et leur enthousiasme s'évanouit peu à peu.

Une mésalliance d'Ephraïm est à l'origine de son déclin puis de son idolâtrie. Et comme toujours, l'idolâtrie a entraîné l'immoralité, avec pour corollaire l'affaiblissement de l'armature morale de la nation entière. Quel avertissement pour nous! Des symptômes de sénilité spirituelle apparaissent-ils dans notre vie chrétienne? Veillons, car l'entropie peut faire son oeuvre même si nous sauvegardons les apparences!

L'ignorance quant à notre véritable état peut provenir de notre négligence à nous examiner attentivement dans le miroir de la Parole de Dieu. Si nous nous donnons la peine de le regarder, nous verrons combien grande est la différence entre la réalité présente et l'idéal fixé. Le recul de notre vie spirituelle s'est-il amorcé lorsque nous étions trop occupés pour nous mesurer au standard divin proposé par l'Ecriture? C'était tragique pour Ephraïm : il ne s'en doutait pas. Samson, quant à lui, «ne savait pas que l'Eternel s'était retiré de lui» (Juges 16:20). Une ignorance fort regrettable dont les conséquences furent dramatiques.

Pour se débarrasser des cheveux blancs, la teinture est insuffisante. Il faudrait pouvoir les traiter à la racine. L'apôtre ordonnait aux chrétiens de Corinthe: «Purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit» (2 Corinthiens 7:1); mais Dieu ne peut accomplir à notre place cette purification. Lorsque nous aurons fait notre part il interviendra: «Je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles» (Ezéchiel 36:25).

Dieu ne se contente pas de diagnostiquer nos maladies. Dans sa grâce il nous prescrit un traitement adéquat, celui-là même qu'il a proposé à Ephraïm.

D'abord il nous exhorte à la repentance, non pas une confession en termes vagues et généraux, mais le SOS d'un cœur contrit:

Apportez avec vous des paroles,
Et revenez à l'Eternel.
Dites-lui: Pardonne toutes les iniquités.
Osée 14:2

Ou selon la Version Autorisée anglaise: «Enlève toutes nos iniquités.» Nos péchés ayant été commis l'un après l'autre, délibérément, il faudrait tous les nommer devant lui.

Puis il nous appelle à renoncer aux alliances compromettantes. Le pacte d'Ephraïm avec les Assyriens impitoyables, ou sa coupable dépendance de la cavalerie égyptienne causèrent sa perte. La rupture définitive de telles alliances était donc impérative:

L'Assyrien ne nous sauvera pas, nous ne monterons pas sur des chevaux. (Osée 14:3a)

Et toute idolâtrie devait être résolument bannie:

Nous ne dirons plus à l'ouvrage de nos mains: Notre Dieu! (Osée 14:3b)

Car Dieu ne tolère rien qui dans nos vies occupe la place suprême qui lui revient.

Finalement Dieu invite Ephraïm à «revenir à l'Eternel» (14:2) et à se tourner vers lui. Et dans sa grâce il est prêt à accueillir le coupable et à lui pardonner:

Je réparerai leur infidélité,
J'aurai pour eux un amour sincère;
Car ma colère s'est détournée d'eux.
(Osée 14:4)

Mentionnons ici trois des bénédictions inhérentes à la restauration promise par Dieu et à une communion retrouvée:

Il promet une nouvelle fraîcheur:

Je serai comme la rosée pour Israël. (Osée 14:5)

C'est vrai que la piété superficielle d'Ephraïm pouvait s'évaporer comme la rosée, mais Dieu lui propose une autre rosée en remplacement. Au Moyen-Orient, la rosée joue un rôle déterminant pour la végétation. Elle est une nécessité impérieuse: sans elle la nature se meurt. Quelle merveilleuse image du renouveau spirituel sous la bienfaisante action de l'Esprit de Dieu. Sous l'effet de la rosée divine, Israël était appelé à devenir lui- même une source de bénédiction pour d'autres:

Le reste de Jacob sera au milieu des peuples nombreux
Comme une rosée qui vient de l'Eternel.
(Michée 5:6)

Or il en sera de même pour nos vies. Etant au bénéfice d'un perpétuel renouveau, nous deviendrons un moyen de constant rafraîchissement pour d'autres.

La fraîcheur de la rosée permet au parfum de la fleur de s'exhaler. Fraîcheur et parfum vont de pair. En temps de sécheresse, la fleur perd son parfum. Cependant Dieu promet à Israël par son serviteur Osée:

Ses rameaux s'étendront;
Il aura la magnificence de l'olivier,
Et les parfums du Liban.
(Osée 14:6 )

Le parfum est une émanation délicate dont on remarque soit l'absence soit la présence. Les disciples qui avaient vécu longtemps en compagnie de Jésus étaient imprégnés d'un indéniable parfum de grâce, au point que les Juifs de Jérusalem «les reconnurent pour avoir été avec Jésus» (Actes 4:13). Ils ne pouvaient dissimuler ce parfum. Qu'en est-il de nous?

Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui répand par nous en tout lieu l'odeur de sa connaissance! Nous sommes, en effet, pour Dieu le parfum de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent. 2 Corinthiens 2:14-15

Mais si agréables que soient fraîcheur et parfum, ils ne sont que les arrhes de la récolte. Osée le rappelle en précisant que le Créateur de la rosée et du parfum est aussi celui du fruit:

C'est de moi que tu recevras ton fruit. (Osée 14:8)

La branche cassée, détachée du tronc, ne peut amener un fruit à maturation. Le croyant en rupture de communion avec Dieu ne peut porter le fruit de l'Esprit. Mais s'il est greffé à nouveau sur l'arbre qui est Christ, il pourra porter du fruit à la gloire de Dieu. Le voulez-vous?

Dr J. Oswald Sanders