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L'oeil, l'aigle et le froment

Michel-Ange foulait un jour le sol d'une carrière lorsqu'il aperçut parmi d'autres pierres un bloc de marbre.
– Apportez cet ange dans mon atelier! ordonna le maître sculpteur à l'un de ceux qui l'accompagnaient.
– Mais quel ange? s'étonna l'homme. Le maître voyait déjà dans la masse informe qui était à ses pieds l'œuvre d'art qu'il allait en tirer.

De même, lorsque Dieu a conduit le peuple d'Israël hors d'Egypte, il voyait déjà en lui un instrument-clé pour la bénédiction des nations. Et pour ce qui nous concerne, avant que nous n'ayons fait le moindre pas dans la direction du Seigneur, il nous avait choisis, et il avait déjà élaboré son plan d'amour et de grâce à notre égard; non seulement il nous avait destinés à être enfants de Dieu, mais il nous avait élus comme serviteurs et servantes ici-bas, avant que dans la gloire nous soyons des chantres pour le louer éternellement; une perspective qui devrait profondément nous réjouir!

Il est bon parfois de jeter un coup d'oeil rétrospectif sur tout ce que le Seigneur a fait pour nous depuis que nous l'avons rencontré. Le prophète exhortait les Israélites en ces termes: «Portez les regards sur le rocher d'où vous avez été taillés, sur le creux de la fosse d'où vous avez été tirés» (Esaïe 51:1). Moïse quant à lui avait la même préoccupation lorsqu'il entonna le dernier des trois cantiques composés au cours de sa vie (Exode 15, Psaume 90 et Deutéronome 32). En rappelant le souvenir des délivrances du passé, il entendait motiver les générations montantes dans leur recherche de Dieu, afin qu'elles lui demeurent fidèles.

1

Dans le merveilleux cantique de Deutéronome 32, certains fragments de strophes sont propres à nous encourager. D'abord les versets 9 et 10 où Dieu parle de Jacob:

IL L'A TROUVÉ
dans une contrée déserte,
Dans une solitude aux effroyables hurlements
(v. 10a).

Innombrables sont ceux qui, aujourd'hui, errent dans la contrée déserte de la perdition éternelle; nos proches, nos voisins, nos collègues de travail tâtonnent dans la «solitude aux effroyables hurlements» d'une vie angoissante, parce que Dieu en est absent. Mais le Seigneur Jésus s'est tourné vers nous; il s'est révélé à nous; il nous a trouvés; il nous a choisis; il nous a appelés. Jamais ici-bas nous ne mesurerons l'ampleur de la grâce dont nous sommes les bénéficiaires. Pourquoi nous et pas d'autres? Pourquoi moi et pas ce Chinois envoûté par le marxisme, cet Indien, fervent adorateur dans les temples, ou ce Bantou fétichiste? Pourquoi moi, et pas cet entraîneur de jeunesse communiste en Ukraine ou cet Européen agnostique qui jusqu'ici n'a jamais songé à son âme? Pourquoi? Parce que le Seigneur nous a trouvés. Et pour nous trouver, il a fallu qu'il nous cherche: «Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous» (Romains 5:8).

En ce jour même, sachons interrompre nos activités et, comme si nous ne l'avions jamais fait auparavant, mettons-nous à genoux pour remercier le Seigneur d'avoir fait le premier pas dans notre direction et de nous avoir sauvés.

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Dieu n'avait pas seulement trouvé Jacob. Dans son cantique Moïse enchaîne par la phrase, toujours v. 10:

IL L'A ENTOURÉ.
Dès son origine, Israël a été l'objet des sollicitudes de son Dieu. Lorsque Abraham sortit d'Ur en Chaldée, Dieu prodiguait déjà ses soins au peuple élu. Il a dirigé le patriarche vers le pays promis; il lui accorda un fils; il conduisit sa postérité avant de l'envoyer en Egypte puis de l'en faire remonter; et au cours des quarante années passées dans la péninsule du Sinaï, chaque jour l'Eternel entourait son peuple, faisant vivre ces 2 millions de personnes d'une succession de miracles et leur accordant la nourriture du ciel. C'est bien ce que Moïse rappelle avec ferveur:

Il l'a entouré, il en a pris soin,
Il l'a gardé comme la prunelle de son OEIL,
Pareil à l'AIGLE qui éveille sa couvée,
Voltige sur ses petits,
Déploie ses ailes, les prend,
Les porte sur ses plumes
(v. 10b-11).

Ici interviennent deux images bien évocatrices des soins du Seigneur envers Israël, comme envers chacun de nous:

D'abord celle de l'oeil:

Aucune autre partie de notre corps n'est aussi bien protégée que l'oeil. Le Créateur l'a disposé de telle manière que, par un réflexe instinctif et souvent inconscient, notre paupière s'abaisse automatiquement au moindre assaut, que ce soit l'irruption d'un grain de poussière ou l'insupportable éclat des grands phares d'une voiture. Nous ne pensons pas à protéger notre oeil, mais la nature le fait pour nous. Or ce que le Créateur a prévu pour notre oeil, le Rédempteur l'accomplit pour notre vie. Au moindre danger - de la menace la plus insignifiante jusqu'aux attaques impitoyables de notre adversaire - une protection immédiate nous est assurée en et par celui qui nous chérit autant que la prunelle de son oeil.

L'Eternel avait promis à Israël: «Celui qui vous touche touche la prunelle de son oeil» (Zacharie 2:8). Or si Dieu est capable de protéger tout un peuple comme la prunelle de son oeil - une protection souveraine bien souvent manifestée dans l'histoire - il peut en faire autant pour chacun de nous. Menacé par Saül, David priait en connaissance de cause: «Garde-moi comme la prunelle de l'oeil» (Psaume 17:8).

Sommes-nous conscients des multiples occasions où, sur l'autoroute ou sur le chemin de l'existence, nous avons été gardés «comme la prunelle de son oeil»?

Après l'image de l'oeil, celle de l'Aigle, non moins suggestive.

Comme tous les oiseaux, l'aigle prend un soin jaloux de sa progéniture; de son unique petit, s'il s'agit du majestueux aigle royal qui atteint jusqu'à deux mètres d'envergure et qui parfois survole les vallées de nos Alpes.

Permettez-moi d'évoquer ici un souvenir de jeunesse. Nous étions en groupe près de l'Oberhornsee, ce joyau bleu où se reflète la Jungfrau à l'extrémité de la vallée de Lauterbrunnen. Et soudain nous vîmes dans le ciel d'azur deux aigles planer au-dessus de nous. Nous les admirions tandis qu'ils tiraient parti des courants ascendants pour s'élever sans un coup d'aile des profondeurs de la vallée à la hauteur des cimes. Or ce jour-là l'aiglon était de la partie; ce devait être l'une de ses premières sorties. A un moment donné, il manifesta des signes de fatigue et appela au secours à sa manière. L'un des parents se précipita vers lui, exactement au-dessous de lui; sur ses ailes déployées il reprit le petit au vol, avant qu'il ne s'épuise. Nous avions sous les yeux la démonstration littérale de ce procédé propre à la famille des aigles évoqué à deux reprises par Moïse le psalmiste:

L'aigle... voltige sur ses petits,
Déploie ses ailes, les prend,
Les porte sur ses plumes
(v. 11).
Tu diras aux enfants d'Israël : ... je vous
ai portés sur des ailes d'aigle et amenés
vers moi
(Exode 19:3-4).

Cher ami chrétien, vous sentez-vous fatigué et faible, limité et incapable, craintif et angoissé devant les impondérables que nous réserve l'avenir? Votre santé, votre vie professionnelle, vos responsabilités familiales ou autres vous causent-elles des inquiétudes? Prenez donc la place de l'aiglon. Pourquoi vous porter vous-même alors que vous pouvez être porté? Pourquoi redoubler d'efforts, alors que le Seigneur veut agir pour vous? Pourquoi vous épuiser à lutter dans l'élan naturel de vos forces propres, alors que les ailes majestueuses de l'Aigle souverain se déploient déjà au-dessous de vous? Ah! notre orgueilleux ego n'aime pas se laisser porter par un autre; mais en s'agitant jusqu'à épuisement, ne va-t-il pas de manière irréversible vers l'échec et la chute?

Aujourd'hui, l'Eglise de Christ connaît des temps périlleux. Dans le monde occidental, la vie facile, l'humanisme et les fausses doctrines se liguent pour neutraliser sa vie spirituelle. De surcroît, les Eglises évangéliques n'échappent pas à une période de crise, plus spirituelle qu'organique il est vrai. Et comme croyants appartenant au corps de Christ, je subis, nous subissons des phases de tensions et d'épreuve de notre foi. Alors, mes amis, ayons la candeur de l'aiglon qui appelle au secours et s'abandonne sans hésiter sur les plumes du grand aigle pour se laisser porter au-dessus des abîmes et peut-être au sein des tempêtes.

Mais une précision s'impose: il ne s'agit pas pour nous d'une abdication passive, mais d'un geste actif et délibéré où nous remettons au Seigneur nos destinées, ou, si vous préférez, d'un acte de foi par lequel nous le laissons prendre la responsabilité de notre existence tout entière. Ah! puissions-nous constamment nous laisser porter par le Seigneur plutôt que de nous porter nous-mêmes!

3

Et maintenant troisième étape dans les soins du Seigneur envers Jacob, telle qu'elle est évoquée dans ce cantique de Moïse:

IL L'A FAIT MONTER
sur les hauteurs du pays (v. 13).

Après l'illustration de l'aigle, celle de l'ascension vers les hauteurs du pays, c'est-à-dire vers la réalisation des promesses divines. Bien que Moïse ait composé ce cantique avant l'entrée en Canaan, il a énuméré au temps passé les bénédictions qui attendaient Israël sur le chemin de l'obéissance, tant elles étaient évidentes à ses yeux. N'était-ce pas là l'expression de la foi véritable qui «est une ferme assurance des choses qu'on espère, une démonstration de celles qu'on ne voit pas» (Hébreux 11:1)? Une foi qui, hélas, nous fait souvent défaut puisque nous ne vivons que sporadiquement des réalités invisibles et éternelles (2 Corinthiens 4:18); mais une foi qui cependant devrait conditionner nos faits et gestes, nos décisions, notre vie de prière et notre vocation ici-bas. La foi de Moïse en faveur d'Israël vivait de ce qu'elle ne voyait pas encore, un peu comme le pilote d'un supersonique avance en plein brouillard jusqu'à ce qu'il retrouve l'azur du ciel. La foi de Moïse était désintéressée puisqu'il savait qu'il n'entrerait pas lui-même dans le pays promis. Cependant elle était conquérante puisqu'elle décrivait à l'avance la prospérité dont Israël jouirait en Canaan :

  1. Il lui a fait sucer le miel du rocher,
  2. Israël a mangé les fruits des champs;
  3. L'huile qui sort du rocher le plus dur,
  4. La crème des vaches et le lait des brebis,
  5. Avec la graisse des agneaux, Des béliers de Basan et des boucs,
  6. Avec la fleur du froment;
  7. Et tu as bu le sang du raisin, le vin (v. 13-14).

Je ne sais pas à quelle bénédiction Moïse faisait allusion lorsqu'il parlait du miel du rocher, et s'il prophétisait la découverte d'un gisement de pétrole en évoquant l'huile du rocher. Mais sans doute la pleine réalisation de ces sept promesses terrestres appartient-elle encore à l'avenir, et se démontrera-t-elle dans l'environnement merveilleux du règne messianique, lorsque Christ reviendra.

Cependant au-delà de l'accomplissement littéral de ces promesses, nous pouvons nous les approprier pour la conquête spirituelle de notre Canaan. Nos vies ont-elles glorifié Dieu par des fruits jusqu'ici? Pendant les quarante ans qu'ont duré leurs pérégrinations au désert, les Israélites n'avaient probablement pas mangé de fruits; ils avaient seulement vu les prémices du pays promis sous la forme de raisins, de figues et de grenades (cp. Nombres 13:23). A notre tour, passons du désert aux vignobles, des plaines rocailleuses aux vergers, et recueillons les fruits que le Seigneur nous a promis! (Jean 15:16)

Le touriste admire aujourd'hui les splendides vergers d'Israël. Mais il constate aussi que tout n'y est pas végétation luxuriante; au contraire, que de pierres, de rochers, de terre sablonneuse où rien ne pousse! Or si nous revenons à la description prophétique de Moïse, il n'a jamais parlé d'un territoire sans pierrailles, il a annoncé la présence des rochers; mais des rochers d'où le miel suinte et d'où l'huile coule. N'y a -t-il pas là un merveilleux secret pour nous encourager au sein de nos épreuves quotidiennes? La vie chrétienne ressemble à un chemin rocailleux, oui. Cependant entre les blocs de pierre sont cachés des rayons de miel, symboles de la douceur de Christ qui balaie nos rancunes et transforme nos relations; et des anfractuosités de rochers coule l'huile, cette huile sainte de l'Esprit de Dieu qui nous assure communion avec Christ. En d'autres termes, les difficultés de notre marche chrétienne sont permises pour que nos caractères s'adoucissent et que l'œuvre du Saint-Esprit s'opère en nous.

Après les fruits, le miel et l'huile, la crème, le lait et la graisse des béliers. Autant de symboles de l'abondance et de la bénédiction divines réservées aux douze tribus en Canaan. C'est vrai, le «pays où coulent le lait et le miel» (Exode 3:8) connaît déjà aujourd'hui quelque chose de l'accomplissement de cette prophétie, puisque, technicité aidant, le rendement des vaches traites trois fois par jour y est l'un des plus élevés de la Planète. Mais nous avons aussi notre «pays où coulent le lait et le miel». Le Seigneur est venu pour nous donner la vie en abondance (cp. Jean 10:10); une abondance qui n'a rien à voir avec la prolifération des biens dont regorge notre société de consommation, puisqu'elle concerne essentiellement notre vie spirituelle. Que de fois nous nous contentons d'une vie de prière rachitique, d'une marche chrétienne boiteuse ou d'un témoignage hésitant, alors que le Seigneur ambitionne tout autre chose pour nous. Le Nouveau Testament ne nous propose-t-il pas un niveau nettement supérieur lorsqu'il évoque l'abondance de la grâce (Romains 5:17), la plénitude de la foi (Hébreux 10:22) ou les richesses incompréhensibles de Christ (Ephésiens 3:8), toutes mises à la disposition des croyants? Or ces dons parfaits sont à notre portée... dans la mesure où notre volonté capitule devant la croix de Christ; et si nous acceptons les souffrances de Christ dans notre expérience quotidienne, nous parviendrons aussi à la résurrection, c'est-à-dire à une nouvelle vie avec Christ (Philippiens 3:10-11). Des conditions péremptoires donc, qui nous feront entrer dans ce que le Seigneur a de meilleur pour chacun de nous; ce qui est évoqué de manière suggestive à la fin de cette même strophe de Deutéronome 32: la fleur du froment et le sang du raisin. Deux images que le Seigneur utilisera à son tour en s'adressant à ses disciples: comme le grain de blé a dû tomber en terre et mourir avant de porter du fruit (Jean 12:24), et comme le sarment doit être émondé par le sécateur du divin vigneron pour le rendre plus productif (Jean 15:1-6), il faut de même que l'enfant de Dieu accepte de renoncer à lui-même et de souffrir s'il veut glorifier son Seigneur en portant du fruit.

Dans ce cantique de Deutéronome 32, Moïse s'exprime en paraboles. Pourquoi? Dans l'Ecriture, le langage des paraboles appartient toujours à un temps d'apostasie et d'incrédulité. Or Israël glissait déjà sur la pente de l'infidélité et de l'oubli de Dieu. Preuve en sont les mots qui suivent au v. 15: «Israël est devenu gras, et il a regimbé.» Dans le Nouveau Testament, le Seigneur s'est également exprimé en paraboles lorsqu'il a voulu marquer ses distances d'avec les chefs religieux qui l'avaient rejeté; mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples, des disciples qui avaient «des yeux pour voir et des oreilles pour entendre» (cp. Matthieu 13:1-17).

Qu'il nous accorde à notre tour ces oreilles attentives qui percevront le message divin, et que nos yeux s'ouvrent sur la personne de notre bien-aimé Sauveur lorsqu'il nous parle. Et si parfois le Seigneur a besoin de métaphores pour nous faire comprendre certaines vérités bibliques, il se révèle aussi en langage clair, en appels précis, en promesses concrètes. C'est pourquoi, au-delà de l'oeil ou de l'aigle, du fruit ou du miel, de la crème ou du lait, de la graisse des agneaux, de la fleur du froment ou du sang des raisins, discernons le langage de grâce et d'amour par lequel notre Maître nous montre sa fidélité indéfectible, ses plans de grâce en notre faveur, ses promesses de bénédiction... et qu'il puisse nous trouver, nous entourer et nous faire monter...

John H. Alexander

 


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