Trouvé fidèle

«Du reste, ce qu'on demande des dispensateurs, c'est que chacun soit trouvé fidèle.»
1 Corinthiens 4:2

L'infidélité s'infiltre partout: infidélité conjugale, infidélité dans l'observation des lois, infidélité dans la vie spirituelle. Eglises infidèles, pasteurs ou conducteurs infidèles, croyants infidèles! Pour citer un auteur contemporain (Marie-Christine de Jong): «La fidélité a perdu son rôle de vertu pour devenir geôlier d'une prison dont on veut de moins en moins»." L'infidélité est un mal sournois qui décime les rangs du peuple de Dieu et dont la gravité échappe souvent aux chrétiens. Pourtant, devant Dieu, l'infidélité à la parole donnée, à la saine doctrine, à l'engagement pris devant le Seigneur, engendre des conséquences aussi désastreuses que l'infidélité d'un conjoint qui aboutit au divorce ou l'infidélité d'un financier que l'on condamne à des années de prison.

Il y a 3000 ans, le Psalmiste déplorait déjà: «Les fidèles disparaissent d'entre les fils de l'homme» (Psaume 12:2). Son fils Salomon renchérissait: «Beaucoup de gens proclament leur bonté; mais un homme fidèle, qui le trouvera?» (Proverbes 20:6)

Et pourtant, si l'infidélité prévaut partout, dans la société comme dans l'Eglise, Dieu cherche d'autant plus des croyants fidèles sur lesquels il pourra compter en toute situation. L'année nouvelle s'ouvre sur de sombres perspectives: le monde va à la dérive, les événements se précipitent, l'humanité vit dans une angoisse grandissante. Eh bien! c'est sur ce fond sombre que Dieu aimerait inscrire en caractères lumineux le mot "FIDÉLITÉ". Il désire nous trouver fidèles dans les temps actuels.

Trouvé fidèle... QUAND ?

Paul élevait les Corinthiens au rang de dispensateurs, et encore de dispensateurs fidèles. Or, dans cette même Epître, il énumère les actes d'infidélité des Corinthiens: divisions dans l'Eglise, défaut de maturité, absence de spiritualité, désordre moral. Et tandis que Paul s'entretient de tous ces travers avec ses correspondants (chapitres 1 à 5), il les exhorte en même temps à devenir fidèles. Paradoxe, la véritable fidélité se prouve en présence de l'infidélité, et elle s'affirme alors que l'infidélité va croissant autour de nous. Bien sûr, il est plus difficile d'être et de demeurer fidèles quand d'autres se permettent des actes d'infidélité.

Mais le Seigneur n'a-t-il pas dit: «Celui qui est fidèle dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes» (Luc 16:10)?

La fidélité commence par les détails et les faits insignifiants de l'existence quotidienne. Le Seigneur confie les grandes choses à ceux qui ont été fidèles dans les petites. Mais très souvent il ne peut donner des responsabilités à ses enfants, parce qu'ils n'ont pas encore fourni les preuves qu'il attend d'eux. Dans l'Eglise du Seigneur, beaucoup de croyants se plaignent qu'on ne leur confie aucune charge ou qu'on ne leur donne pas la parole en public; peut-être devraient-ils s'en prendre à eux-mêmes, car avant de nous confier des responsabilités Dieu désire que nous démontrions les preuves de notre christianisme à la maison, dans la vie professionnelle et au sein de l'Eglise.

Il veut nous trouver fidèles dans le secret de nos expériences pratiques! «Qu'on les éprouve d'abord, et qu'ils exercent ensuite leur ministère, s'ils sont sans reproche», prescrivait l'apôtre au sujet des diacres (1 Timothée 3:10). Et les diacres n'étaient pas forcément prédicateurs; ils exerçaient leur ministère d'abord aux tables (Actes 6:1-3); pourtant, ce service-là était déjà tellement important qu'on ne leur permettait pas d'y accéder avant qu'ils aient donné des preuves de fidélité!

Avant d'être précipité dans la fosse aux lions, Daniel avait manifesté une telle fidélité dans l'exercice de la fonction publique (il était ministre) que ses accusateurs en ont été désarmés: «Ils ne purent trouver aucune occasion, ni aucune chose à reprendre, parce qu'il était fidèle, et qu'on n'apercevait chez lui ni faute, ni rien de mauvais» (Daniel 6:4). Les gouverneurs de Babylone ont voulu se débarrasser de Daniel; ce gênant concurrent, en obligeant l'empereur à le jeter en pâture aux lions; mais Daniel ne s'est départi de sa fidélité ni sous les menaces de ses adversaires (il a continué à prier malgré l'interdiction royale, Daniel 6:10), ni au milieu des lions (dans la fosse, il a persévéré dans sa confiance en Dieu, Daniel 6:22). L'épreuve a souligné la fidélité de Daniel, et après l'épreuve l'empereur Darius l'a cité en exemple à toutes les nations (Daniel 6:26-27).

Il est aujourd'hui d'innombrables chrétiens fidèles sous la menace et sous les coups, au sein des injustices flagrantes et au fond de cachots sordides, dans les camps de concentration ou en asiles psychiatriques. En dépit de leurs souffrances, ils ont foi en celui qui a ordonné: «Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie» (Apocalypse 2:10). Et nous, qui ne connaissons ni fosse aux lions, ni camp de concentration, qu'aurions-nous fait, que ferions-nous à leur place? serions-nous – deviendrons-nous – fidèles comme eux?

Trouvé fidèle... COMMENT?

Peut- être ne saisissons-nous pas le message contenu dans ce mot fidèle comme il était souligné aux chrétiens d'Achaïe, destinataires de l'Epître aux Corinthiens. Une seule lettre différenciait pistos (fidèle) de pistis (foi), deux mots dérivant d'une racine commune, pisthe = persuasion, conviction. Pour l'apôtre Paul, la fidélité devait être une expression de la foi; et les profondes convictions du croyant auraient dû se traduire en actes de fidélité, et cela justement à Corinthe où il y avait beaucoup d'infidélité.

Le croyant devrait donc se distinguer de l'incroyant par la fidélité vécue dans sa vie professionnelle; la fidélité, cette vertu si rare, concerne en premier lieu nos relations avec Dieu, mais aussi notre attitude à l'égard des hommes, dans la société comme au sein de l'Eglise.

Fidélité = constance, respect de la parole donnée, exactitude à remplir ses engagements, qualité de celui qui ne varie pas. Ces seules définitions du dictionnaire ne nous montrent-elles pas combien nous avons à apprendre? Qui n'a pas de reproche à se faire dans ce domaine ? Soyons vrais avec nous-mêmes. C'est si facile d'oublier l'engagement pris, de négliger la parole donnée, de varier dans ses opinions au gré des circonstances, de changer d'avis lorsque nos intérêts sont menacés ou que notre réputation est en jeu; et celui qui n'est pas constant dans ses voies devant les hommes, comment peut-il prétendre être constant devant Dieu?

Si nous sommes appelés à être fidèles comme croyants, l'apôtre nous exhorte aussi à l'être comme dispensateurs. Dispensateurs «des mystères de Dieu» (1 Corinthiens 4:1) et dans un texte complémentaire, dispensateurs «des diverses grâces de Dieu» (1 Pierre 4:10). Dans l'Ecriture, le dispensateur est un économe qui gère, administre, distribue (Luc 16:2); il donne la nourriture au temps convenable (Matthieu 24:45); il est un homme éprouvé, un ouvrier qui dispense droitement la parole de la vérité (2 Timothée 2:15).

En d'autres termes, un dispensateur transmet aux autres ce qu'il a reçu lui-même, et cela avec discernement et sagesse. Et comme nous avons tous reçu de la part du Christ pour donner aux autres en son nom, nous devrions tous être dispensateurs. Le contexte de ce passage le souligne bien: «Tout est à vous; et vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu. Ainsi, qu'on nous regarde comme des serviteurs de Christ, et des dispensateurs des mystères de Die» (1 Corinthiens 3:23-4:1). Voulons-nous être, durant les 365 jours de 2008, ces dispensateurs fidèles dont le Seigneur a besoin? Le monde qui nous entoure est affamé; et nous nous complaisons dans l'abondance, puisque nous sommes détenteurs de biens spirituels considérables. Saurons-nous les dispenser avec sagesse, avec droiture, avec fidélité?

Comme l'indique le premier verset de 1 Corinthiens 4, tout dispensateur est aussi serviteur (selon d'autres traductions, opérateur ou ministre de Christ). Nous sommes associés à Christ dans l'œuvre qu'il nous a confiée. Nous sommes ouvriers avec Dieu dans la maison de Dieu (1 Corinthiens 3:9). Ou pour employer une autre image du contexte, nous construisons avec des matériaux éternels en suivant les ordres du divin architecte (1 Corinthiens 3:10-15).

Trouvé fidèle... POURQUOI ?

La vocation de dispensateurs est le privilège d'hommes et de femmes qui n'attendent rien des hommes mais tout du Seigneur. Ils savent que les hommes ne les gratifieront ni de félicitations, ni de témoignages de reconnaissance; mais ils n'agissent pas pour jouer un rôle en vue ici-bas. Leur espoir est en Christ seul, car c'est de lui qu'ils attendent tout.

Serviteurs et servantes du Maître rejeté, témoins de Christ crucifié, dispensateurs d'une parole méprisée, détachons nos regards des hommes si souvent ingrats et même des chrétiens si rarement appréciatifs; et concentrons notre attention sur le Maître qui revient bientôt. Il voudrait nous trouver fidèles lors de son retour.

Revenons une fois de plus au contexte de 1 Corinthiens 4:2. Quand Christ «mettra en lumière ce qui est caché... alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due» (verset 5). Quand notre bien-aimé Maître reviendra pour chercher son Eglise, il aura un message d'approbation pour chacun de ses dispensateurs fidèles: «C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton Maître» (Matthieu 25:21 ).

Oh! combien, au retour du Maître, j'aimerais connaître le bonheur sans mélange du serviteur qu'il récompensera: «Quel est donc le serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur ses gens, pour leur donner la nourriture au temps convenable? Heureux ce serviteur, que son maître, à son arrivée, trouvera faisant ainsi!» (Matthieu 24:45-46)

La tournure solennelle et tragique des événements qui bouleversent le monde actuellement nous montre que le Maître revient bientôt, très bientôt. Nous trouvera-t-il fidèles?

Vivons comme si Christ revenait effectivement dans le courant de l'année, et agissons dans la perspective lumineuse de la rencontre sur la nuée où nous l'entendrons dire: «Tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup!»

John H. Alexander