Le point de vue biblique - Le bouc émissaire

Si vous connaissez cette expression, vous savez sans doute que le bouc émissaire est un individu à qui on fait porter la faute pour les autres. C’est celui que l’on déclare coupable. Cependant, vous ignorez peut-être que cette expression est empruntée à la Bible. Voyons un peu de quoi il s’agit au juste. Même si le sujet vous apparaît un peu complexe, soyez attentif jusqu’à la fin car il s’agit là d’une vérité extraordinaire.

Les boucs dans Lévitique 16:7-10

«ll prendra les deux boucs, et il les placera devant l’Éternel, à l’entrée de la tente d’assignation. Aaron jettera le sort sur les deux boucs, un sort pour l’Éternel et un sort pour Azazel. Aaron fera approcher le bouc sur lequel est tombé le sort pour l’Éternel, et il l’offrira en sacrifice d’expiation. Et le bouc sur lequel est tombé le sort pour Azazel sera placé vivant devant l’Éternel, afin qu’il serve à faire l’expiation et qu’il soit lâché dans le désert pour Azazel.»

Qui est donc ce Azazel?

Mais qui est donc cet Azazel, me direz-vous? Sans entrer dans tous les détails étymologiques de ce mot, disons simplement qu’en hébreu, il signifie: enlever. Autrement dit, ce bouc pour Azazel avait la fonction de prendre les péchés du peuple et de les enlever (éloigner) du milieu d’eux. Ce bouc n’avait lui-même rien fait de mal, mais il était choisi au hasard pour porter le blâme de tous afin que ces derniers soient dégagés de toute accusation. Ce que l’on faisait de ce bouc, préfigurait l’œuvre de Jésus-Christ, celui qui a porté nos péchés à la croix. Jésus-Christ est l’agneau de Dieu qui enlève (Azazel) le péché du monde. Voyez-vous la similitude entre le bouc Azazel qui s’enfuit au désert avec les péchés du peuple et Jésus qui, par son sacrifice, enlève le péché de l’homme ?

Des innocentes victimes!

En tant que victimes expiatoires, le point commun entre le bouc Azazel et Jésus-Christ est leur innocence. Ils sont donc ainsi des boucs émissaires.

La semaine dernière, j’assistais à une conférence d’Albert Jacquard à l’Université de Chicoutimi. Je tiens d’abord à mentionner que j’admire beaucoup cet homme de sciences, l’un des rares à être capable de se remettre lui-même en question. Mais durant sa conférence, il a dit: Ce petit bout de phrase est un argument fréquemment utilisé pour mettre en doute l’existence de Dieu. Cependant, derrière cette habile déclaration, se cache une accusation subtile adressée à Dieu. À la vérité, ceux qui l’utilisent cherchent davantage à accuser Dieu pour toutes les misères humaines. Pourtant, il s’agit d’un drôle de raisonnement puisque si on l’inverse, on pourrait affirmer que Dieu existe parce qu’il n’y a pas de misère dans le monde.

Si Dieu existait… Mais voyons donc!

Ceux qui utilisent à tort cette expression ne seraient pas plus croyants si tel était le cas. Il s’agit plutôt d’un prétexte qui leur permet d’accuser Dieu d’être le grand responsable des malheurs de l’homme. Plus encore, c’est une façon pour l’homme de se décharger de ses responsabilités envers les plus démunis de la société. Car, en fait, la misère de notre monde est le résultat de l’égocentrisme de l’homme. Par exemple, nous avons tout ce qu’il faut pour nourrir les populations qui meurent de faim dans le monde, mais nous ne voulons pas payer le prix que ça coûterait. C’est notre faute et pas celle de Dieu. Nous accusons Dieu de nos propres péchés, et malgré cela, Jésus-Christ a accepté de prendre le rôle du coupable à notre place. Il est devenu le bouc émissaire.

Réal Gaudreault, pasteur de l’Assemblée Chrétienne La Bible Parle, Saguenay.