Le point de vue biblique
UN PEU D’HISTOIRE

Dans l’opinion généralement admise ici, au Québec, un protestant est par définition un anglophone. Cette idée est largement répandue à cause des Anglais, des protestants, qui se sont installés en Nouvelle France après la conquête anglaise de 1760. Les Français, pour le reste, étaient presque tous de bons catholiques pratiquants. Mais au-delà de ces généralités, plusieurs événements historiques moins connus contribuent à contredire cette idée préconçue.

Des sectes?

Dans une province dominée par l’Église catholique romaine, le simple fait de ne pas aller à la messe éveillait autrefois les soupçons du voisinage. Pour les membres du clergé, entretenir des soupçons négatifs à l’endroit des autres croyances chrétiennes était une habitude solidement ancrée. Se joindre à une église non catholique équivalait à être dans une secte potentiellement dangereuse. Même en l’an 2000, la plupart des catholiques placent les églises franco-protestantes au même niveau que les sectes les plus délirantes. Il est toujours plus simple de classer les choses rapidement sans trop se poser de questions.

Et pourtant!

L’histoire du Québec est parsemée d’événements où des protestants de langue française ont joué un rôle de premier plan. On sait même que les premiers arrivants de France étaient des huguenots, membres d’églises réformées. Bien qu’ils aient été par la suite persécutés par les catholiques, ils n’ont jamais cessé de perpétuer une descendance très active sur le plan évangélique. Mais où cela a-t-il commencé?

À Nantes en France

L’événement est peu connu des gens d’ici, mais en 1589, le dernier des rois de la dynastie des Valois, Henri III mourait. À son chevet, son beau-frère Henri de Bourbon, le prince de Navarre, devenait le principal héritier du trône de France et de ses colonies. Ce dernier, un protestant, était le mari de la reine Margot, sœur de Henri III. Chose totalement impensable jusqu’alors, un roi protestant, Henri IV, montait sur le trône de France, un pays exclusivement catholique. Il est également bien connu que ce nouveau roi s’est converti au catholicisme en 1593 afin d’apaiser les tensions. Entre 1589 et 1598, Henri IV a négocié sans arrêt avec les huguenots pour rectifier avec eux l’Édit de Nantes qui assurait aux protestants de France des droits égaux aux autres citoyens.

Une simple coïncidence?

Durant son règne, Samuel de Champlain a fondé la ville de Québec en 1608. Il est de plus en plus permis de croire que ce prestigieux explorateur était effectivement un huguenot. Ce qu’il importe de savoir à ce sujet, c’est qu’avant 1598, aucun protestant ne pouvait explorer les colonies au nom de la France. Ce privilège leur avait été enlevé dans les années qui ont suivi l’assassinat d’Henri IV en 1610. Donc, c’est seulement durant 13 ans, de 1598 à 1610, que les protestants ont pu prendre part librement et sans restriction aux expéditions navales. Durant cette période, plusieurs huguenots se sont installés en Nouvelle France. Un des plus connus est Pierre Chauvin qui opérait un poste de traite des fourrures à Tadoussac. Plusieurs militaires de la flotte française étaient également huguenots et furent nombreux à venir ici.

Qui étaient les Huguenots?

D’abord, mentionnons qu’ils étaient reconnus pour être d’excellents marins. De plus, ils étaient très actifs dans le monde des affaires et aussi très impliqués dans les milieux public et militaire. Ils sont partis de villes à forte concentration protestante: Saint-Malo, Rouen, Nantes, La Rochelle, etc. pour venir en Nouvelle France.

Plus tard, lorsque l’Édit de Nantes a été révoqué, en 1685, on a encouragé davantage l’envoi de catholiques en Nouvelle France. Les Huguenots, quant à eux, se sont exilés vers la Suisse, les Pays-Bas et les États-Unis, lieux où l’on respectait leur liberté de conscience.

Réal Gaudreault, pasteur de l’Assemblée Chrétienne La Bible Parle, Saguenay.