Le point de vue biblique
LA JUSTICE PROPRE (suite)

Avant de traiter ce sujet plus en profondeur, il est important de définir le plus clairement possible ce qu’est la justice propre. Il s’agit de la conviction d’être parvenu à vivre à un niveau d’intégrité suffisamment élevé pour se croire juste devant Dieu. Elle résulte d’une perception basée sur la conception selon laquelle l’homme parvient à devenir acceptable devant Dieu par ses œuvres. Ainsi donc, la justice propre est indissociable de la performance.

Les Pharisiens?

Nous serions tentés de penser que cet état d’esprit ne vaut que pour les pharisiens, ces hommes que Jésus a condamnés parce qu’ils se croyaient juste. Détrompons-nous ! Il y a en chacun de nous un pharisien qui n’attend que l’occasion de s’élever. Ainsi, il ne faudrait surtout pas croire que le pharisien, c’est toujours l’autre. L’humilité nous oblige à reconnaître qu’il y a en chacun de nous tout ce qu’il faut pour produire un très bon pharisien.

Comment le savoir?

C’est bien simple: nous sommes pharisien à chaque fois que nous nous croyons meilleur que l’autre et que notre cœur nous amène à mépriser le plus petit des hommes. Nous pouvons aussi discerner ce problème lorsque nous nous sentons en état de compétition avec d’autres personnes qui ont la même fonction que nous. L’esprit de compétition, la jalousie, l’envie et la calomnie révèlent les dommages qui ont été causés par cet état d’esprit. Le pharisien se sent toujours en compétition avec les autres car sa justice dépend essentiellement des efforts qu’il a déployés pour se rendre là où il est parvenu. Lorsqu’il se rend compte que quelqu’un parvient à son niveau d’intégrité, il devient insécurisé.

Luc 18:10-14

Deux hommes montèrent au Temple pour prier; l’un était Pharisien, et l’autre péager. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont accapareurs, injustes, adultères, ou même comme ce péager: je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. Le péager se tenait à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel, mais se frappait la poitrine et disait: O Dieu, sois apaisé envers moi qui suis un pécheur. Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre. Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé.

Me, my self and I

Cette expression démontre très clairement l’attitude qui anime le pharisien. Il est important de spécifier que c’est pourtant un homme foncièrement bon. Rappelons-nous que le pharisien est loin d’être quelqu’un de détestable, c’est une personne qui mène une très bonne vie. Il est un ami fidèle, un père responsable, un mari présent et un homme conséquent dans ses actes en société. Alors, pourquoi donc Jésus le rejette-t-il? Parce qu’il est bon? Certainement pas! En fait, son unique problème vient de ce qu’il croit que ses réussites lui donnent le droit de se prétendre juste et de se croire au dessus des autres qu’il méprise secrètement dans son cœur.

La justice propre est manifestée par l’incapacité de reconnaître que c’est par la grâce de Dieu seulement que nous sommes ce que nous sommes et que nous possédons ce que nous possédons. Nous verrons cela plus précisément prochainement.

Réal Gaudreault, pasteur de l’Assemblée Chrétienne La Bible Parle, Saguenay.