Histoire de Natala

6e épisode: Sous le grand baobab

Bing... bing... bing... Oh ! ce n'est pas le son des cloches de chez nous, mais c'est quand même utile. A coups de barre de fer, on frappe simplement sur une vieille jante de camion, suspendue entre deux gros piquets. Bing... bing... bing...
– C'est pour nous, allons-y ! crient deux mignonnes fillettes au petit pagne coloré. Quelles jolies frimousses! Leurs cheveux sont tressés. Il a fallu des heures pour faire ces raies si droites, du front jusqu'à la nuque. Souvent, les doigts agiles de la mère tiraient un peu trop fort. Mais ça devrait tenir quelques semaines! Et voici des garçons, avec leur lance-pierres ou leur provision d'eau dans une coloquinte.
Bing... bing... Près du gros tronc, la vieille roue de camion appelle d'autres enfants qui surgissent de partout. Ils se ressemblent tous: belle peau foncée, large sourire à dents blanches, mêmes gestes gracieux, même façon de s'asseoir.
– Pourquoi venez-vous tous ici? pourrait-on leur demander.

– Pour écouter l'histoire! nous répondraient certains.
– C'est pour apprendre Dieu! nous diraient plusieurs autres.
La "salle" n'a pas de porte. On est plus vite dedans! Pas de parois non plus. D'un côté, on aperçoit les champs d'arachides. De l'autre, on voit l'épaisse forêt, bordure de la brousse.
En guise de parquet: de la terre avec quelques touffes d'herbe. Comme plafond: les branches et le feuillage du baobab dans lequel piaillent tant de petits oiseaux. Répondant à l'appel de la "cloche", d'autres enfants viennent encore s'ajouter aux premiers. Il y en a bien deux cents, à présent.
Ah! s'il fallait dire leur nom! Parmi les garçons, il y a les Yombo, les Adjima, les Bakari et tous les Koffi, les Djeda, les Yongoro...
Parmi les demoiselles, voici Tana, Nano, Aya, Kadydiatou, Laliba...
Mais soudain, les cris cessent. Une ravissante jeune fille s'est levée. Qu'elle est gracieuse, drapée dans son pagne jaune qui contraste si bien avec sa peau d'ébène. Elle vient de faire un geste, et tout le monde s'est tu.

– Bonjour! Ecoutez bien! je vais vous raconter une nouvelle histoire de la Bible: celle d'un homme qui avait deux grands fils...
Où Natala peut-elle bien se trouver dans cette foule d'enfants? Ne cherchons pas trop loin: c'est elle qui est debout, oui, c'est elle qui raconte.

Les années ont passé, depuis son arrivée à la station missionnaire avec son petit frère. Natala aime sa Bible. Elle marche avec son Dieu. Elle brûle de partager tout ce qu'elle a reçu dans son coeur. Un jour, elle s'est mise à parler aux enfants qui jouaient près du grand baobab. Ils ont écouté. Ils sont revenus avec des camarades. Et le nombre a grandi. Natala sait si bien raconter. Elle y met tout son coeur. Elle y emploie ses mains, son sourire et ses yeux. Observons ce qui se passe en ce moment:
Tout près, un chien aboie. Devant la case voisine, deux femmes jacassent en pilant leurs ignames (plante à tubercules). En cadence elles soulèvent leur pilon qui retombe lourdement dans un gros mortier rond. Parmi les enfants, un tout petit pleurniche. Sa sœur gesticule pour l'amuser un peu... Mais personne ne se laisse distraire. Le récit continue, coloré, captivant:
– Alors le plus jeune est parti. Il n'a plus rien voulu savoir du père qui l'aimait tant...

Maintenant tout le groupe chante en frappant des mains. Quel sens ils ont du rythme, ces jeunes Africains! Comme Natala est heureuse de pouvoir parler du Seigneur Jésus à tant de petits amis!
Mais Dieu lui réserve une joie toute spéciale, une chose à laquelle elle n'a jamais pensé. Ecoutons cette brève conversation entre la jeune fille et son père adoptif:
– Tu sais, Natala! Pour la plupart des gens, un missionnaire est un être à peau blanche, qui travaille en Afrique. Cela peut être ainsi. Mais pourquoi ne verrait-on pas, un jour, une jeune Africaine évangéliser des enfants d'Europe? Sais-tu à quoi je pense, depuis trois jours?
– Non. Dis-moi vite, papa!
– Je vais te confier un secret, Natala, et te faire une proposition!

Un secret? une proposition? De quoi peut-il s'agir? Nous le saurons bientôt!