Le secret d'Adja

Chapitre 3: Dans la clairière

- Quelle fraîcheur, et quel parfum! Mais où donc avez-vous trouvé de si jolies fraises des bois? a demandé Raïssa, ravie de recevoir de la main de ses enfants un petit panier si bien garni.
- Là-bas, tu sais, maman... un peu plus loin que l'étang, ont répondu les deux frères.
-Si tu veux, on y retournera. Il y en a encore tout plein! n'a pas manqué d'ajouter Adja très serviable.
-C'est trop gentil! mes chéris. Et pourquoi pas demain? a suggéré Raïssa, en déposant un baiser sur le front de ses enfants.

Le même soir, tandis que la brave Fidossia le préparait pour la nuit, le petit frère Micka a bien failli révéler quelque détail de leur escapade. Mais il s'est souvenu de sa promesse. Il a réussi à se retenir. Quelle catastrophe, s'il avait trahi leur secret! Son grand frère ne le lui aurait pas pardonné. L'enfant s'est endormi. Et la nuit a passé...

Ce matin, quand les deux frères son arrivés dans la pièce qui leur sert de classe, ils avaient déjà leur petit panier à la main.
- Regarde, maman!
- Comme ça, on pourra partir tout de suite après le cours.
- Eh bien! Vous avez de la suite dans les idées, vous deux!

Enfin l'étude est finie. Enfin les deux enfants peuvent filer jusqu'à la forêt...

- Pourvu qu'il revienne, le jeune homme! laisse échapper Adja, en marchant d'un bon pas à côté e son frère.
- Bien sûr qu'il sera là! reprend Micka presque choqué de ce que son frère ait pu mettre en doute la parole donnée. Si nous, on a pu tenir notre promesse, tu verras, lui aussi il tiendra la sienne!

De nouveau les voici qui pataugent dans l'étang. Plus loin, ils se retrouvent sur le sentier qui, comme hier, s'enfonce dans la forêt. Enfin, voici la clairière...
- Ils sont là! s'exclament les deux enfants en courant vers le petit groupe.

Leur père ne serait pas enchanté de les voir assis parmi ces "vulgaires petits campagnards" comme il appelle les enfants du village. Mais peu importe. Adja et Micka ont là pour entendre la suite de l'histoire.

Malheureusement pour eux, le jeune homme a déjà commencé...
-Après avoir créé tous les animaux, Dieu fait le premier homme: Adam, et la première femme: Eve. Il les a mis dans un merveilleux jardin. Mais il a dû les avertir: Ici, vous pouvez jouir de tout, mais attention à cet arbre: celui de la connaissance du bien et du mal. Surtout ne touchez pas à son fruit, car si vous en mangez, vous mourrez!

Adam et Eve étaient donc avertis. Mais le diable, méchant, fier et menteur, haïssait Dieu et ses créatures. Il souhaitait même la mort d'Adam et d'Eve. Il se disait: S'ils arrêtent de se soumettre à Dieu pour se soumettre à moi, j'aurai gagné la partie. Voyant Eve un moment toute seule, il est venu lui parler: As-tu vu comme le fruit de cet arbre est beau? Eve a répondu: Oui, mais Dieu ne nous a pas permis d'y toucher, sinon nous mourrons!

Es-tu vraiment sûre que Dieu a dit cela? a poursuivi le tentateur. Non, vous ne mourrez pas, mais Dieu sait très bien que si vous en mangez, vous saurez tout, vous serez comme Dieu!
Eve était devant un choix. Qui devait-elle croire? Dieu qui disait: "Vous mourez!" ou le diable qui disait: "Vous ne mourrez pas!"? Elle a choisi de donner raison au menteur. Elle l'a cru, et elle a douté de la parole de Dieu!
Eve a pris le fruit. Elle en a mangé, puis elle en a fait manger à son mari.

De tous les enfants réunis dans cette forêt, Adja est sûrement le plus attentif. Cette fois il comprend. Enfin il est au clair.
- Alors, c'est pour ça que tout le monde meurt! s'exclame-t- il, tout haut.
- C'est pour cela! approuve le jeune homme. Et si Adam et Eve avaient réussi à manger aussi du fruit de l'autre arbre, celui de la vie, ils auraient continué de vivre, mais dans la désobéissance à Dieu, il fallait les en empêcher. Voilà pourquoi Dieu a dû les chasser loin du jardin. Voilà pourquoi il en a fermé la porte!

C'est un chapitre bien triste, dans l'histoire du monde, dit le jeune homme en conclusion. Je vous l'ai raconté parce que vous devez quand même le connaître. Mais demain, je vous dirai ce que Dieu a dû faire pour corriger la situation...

- Non! soupire Adja, contrarié. C'est tout de suite que j'aimerais savoir! mais déjà les enfants s'éparpillent.

- Viens, Micka! dit Adja en prenant la main de son frère. Tu fois, c'est fini! mais demain... Promis! nous reviendrons!

Texte: Samuel Grandjean