Chercher la face de Dieu

Question:

J’aimerais trouver des moyens et solutions pour s'approcher encore plus de Dieu, chercher la face de Dieu.

faq 302 Chercher la face de Dieu

Réponse:

Votre désir de trouver des moyens et solutions pour chercher la face de Dieu réchauffe mon cœur. Ce n’est pas une question très fréquente, et pourtant cela devrait-être «la» question prioritaire de chaque être humain.
Je ne pense pas qu’il existe une réponse unique ou complète à cette question, puisqu’elle est le moteur de nos vies intérieures. Nous avons toute notre existence pour essayer d’y répondre. Mais je peux vous partager quelques pistes qui m’ont personnellement aidé: 

Tout d’abord, il est important de se rappeler que Dieu désire nous rencontrer, nous n’avons donc pas à le convaincre ou le persuader de nous accorder un «rendez-vous». Ceci dit, il n’est pas à notre disposition et c’est lui qui détermine où et comment nous pouvons le rencontrer.
Un deuxième point important, il n’y aura jamais un meilleur moment que «maintenant» pour nous approcher de lui. Je veux dire par là, qu’il ne faut pas attendre d’être meilleur, d’avoir fait des progrès, ou d’avoir tout réglé dans nos vies pour le rencontrer. C’est même le contraire, le changement, les progrès, la libération du mal, de l’égoïsme, de nos faiblesses est essentiellement une conséquence directe du temps que nous passons près de lui. 

Dans mon vocabulaire personnel (nous devons tous avoir notre langage personnel avec notre Dieu, et je vous laisse adapter et trouver le vôtre) j’ai reformulé votre question avec l’expression «avoir une intimité avec Dieu».
Cette intimité nécessite, bien sûr, que nous soyons réconciliés avec lui, par la compréhension et surtout le consentement personnel à l’œuvre de salut accomplie par Christ en venant naître, mourir et ressusciter sur notre planète. Lorsque nous avons fait cette démarche, l’Esprit, qui est Dieu, vient habiter en nous. C’est un grand mystère, mais une belle réalité pour nous, ses enfants. C’est donc par la «connexion» entre son Esprit et le nôtre que nous pouvons expérimenter l’intimité, intimité que j’aime aussi définir comme «la conscience de sa présence».

Cette intimité avec Dieu est induite par différents facteurs que j’aimerais vous exposer, sachant bien que ce n’est pas une liste complète.


- L’intimité avec notre Créateur peut être une conséquence de l’émerveillement. Émerveillement face à la Création, à une œuvre d’art, peinture, musique, littérature… mais aussi émerveillement devant «les petites et les belles choses de la vie». De nombreux psaumes1 et autres passages, essentiellement poétiques, nous parlent de cette réalité.

- Elle peut aussi être une conséquence de nos relations avec les êtres humains qui nous entourent, croyants ou incroyants. Nos échanges, partages, discussions peuvent nous conduire dans cette proximité de Dieu que notre âme désire, parce qu’elle est, en fait, la seule nourriture qui la rassasie. Les incroyants nous poussent parfois à nous poser de bonnes questions, à réfléchir à ce que nous savons ou croyons savoir, à la réalité de nos convictions, à crier à Dieu pour recevoir des réponses. 
Bien évidemment, les relations avec nos frères et sœurs dans la foi ont un rôle vital dans cette recherche. Leurs expériences nous éclairent, complètent et enrichissent la nôtre, le fait de ne pas se sentir seul dans cette quête, nous fortifie, nous rassure aussi. Parce que nous sommes différents et avançons à des rythmes qui nous sont propres, leurs moments «forts» nous soutiennent quand nous sommes faibles, et nos moments «bénis» les encouragent quand ils sont, peut-être, en difficulté. Cet aspect est contenu dans le commandement de Jésus, d’aimer notre prochain, ainsi que dans tout l’aspect relationnel de la vie communautaire dans le corps de Christ, l’Eglise.

- Le troisième facteur qui peut nous conduire à vivre une grande intimité avec Dieu est la conséquence de situations que nous préférerions éviter. Il s’agit de la souffrance, dans le sens le plus large. Il peut s’agir de souffrance physique, morale, psychique, matérielle ou financière. Je ne parle pas des multitudes de petits soucis qui, eux, comme des ronces, étouffent souvent nos vies intérieures, non, je pense aux grosses épreuves, tout au moins celles que nous ressentons comme grandes, exceptionnelles. 
Elles sont généralement un véritable ascenseur pour nous conduire dans la conscience de la présence de Dieu. C’est la raison pour laquelle les Écritures nous encouragent à considérer les épreuves comme une source de joie,2 ce n’est pas la difficulté qui doit nous réjouir, mais le fait que cela nous aide à nous approcher de Dieu. Notre cri du cœur dans les moments de bouleversement court-circuite le raisonnement, et les questions rationnelles qui nous font habituellement obstacle.

- Un autre élément déclencheur qui nous aide à nous approcher de Dieu, presque une sous-catégorie du point précédent, c'est la conscience et l’acceptation de notre faiblesse, de notre incapacité à plaire à Dieu, à nous améliorer, à nous transformer nous-même. Suite à de grandes difficultés et à une souffrance continuelle, qu’il appelle «une écharde dans ma chair», Paul arrive à cette déclaration: «C’est quand je suis faible que je suis fort…».3 Faire face sans artifices, en toute honnêteté et transparence à notre faiblesse devant Dieu, est une porte d’accès privilégié vers sa Présence sur le trône de la grâce.

– Finalement, je l’ai gardé pour la fin, il y a les Écrits inspirés. Ils sont communiqués par Dieu, l’Esprit, aux auteurs de la bibliothèque que nous appelons «la Bible». Ils sont une voie royale pour s’approcher de Dieu et cette voie par excellence, se mélangent de différentes manières et dans des proportions variables avec les autres facteurs mentionnés précédemment. C’est «l’outil» le plus précis et celui sur lequel nous pouvons le plus «travailler». Mais attention ! Pour beaucoup trop de croyants, pourtant sincères, la Bible reste un livre qui parle de Dieu, qui donne des directives, qui permet d’établir une éthique de qualité, que nous appelons l’éthique chrétienne et cela s’arrête là. L’attitude de ces enfants de Dieu ressemble à une personne qui lit des recettes dans un livre de cuisine, étudie la nutrition, peut-être même va faire ses courses pour acheter des denrées alimentaires… qui ne sont jamais consommées. Les pensées de Dieu, communiqués par les Ecrits regroupés dans la Bible, ne sont pas de simples informations sur qui est Dieu, ce qu’il a fait ou ce qu’il fera, c’est cela, bien sûr, mais c’est aussi de la nourriture spirituelle, la source d’énergie qui nous permet de «marcher jusqu’à Dieu». C’est pour cela que Jésus a déclaré à des hommes qui connaissaient les textes bibliques de l’Ancien Testament par cœur: «En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes. Jean 6.53».4 Cette parole extrêmement violente pour l’époque, reste en fait difficile pour nous aujourd’hui, mais elle est pourtant essentielle pour nous permettre de nous «approcher de Dieu». La Parole doit être lue, comprise, mélangée à notre foi et méditée, mastiquée, ruminée, dans le silence du temple «secret» de notre cœur. C’est là, dans la tranquillité et le silence, que par sa grâce, ses paroles peuvent devenir vie, et nous permettre de vivre, pendant quelques instants d’éternité, dans la conscience de sa présence, dans l’intimité de notre Dieu.

Je demande dans mes prières pour vous, que malgré ces mots qui, je le sens bien, sont lourds, approximatifs, imprécis et incomplets, l'Esprit de notre Dieu vous touche et vous permette d'expérimenter la réalité de sa présence dans un «face à face» avec lui.

Philip Ribe

1 Psaume 104, par exemple. 2 Jacques 1,2,  3 2 Corinthiens 12.10,  4 Lire Jean 6.53 à 57.