Vénérer les saints ?

Nous avons reçu de correspondants catholiques, une série d'arguments pour justifier que l'on vénère les saints et qu'on leur adresse des prières.

Réponses:

Nous avons déjà traité des "saints et saintes" d'une façon générale à la réponse 10.
Nous mettons premièrement le raisonnement logique de nos correspondants et au-dessous, les versets qu'ils donnent à l'appui de leurs affirmations.
Vous trouverez ensuite les réponses bibliques aux arguments.

Logique du raisonnement catholique - 9 arguments:
Si l'on fait un résumé par propositions qui se suivent logiquement:
1. Les saints, mêmes morts, sont vivants dans le Christ;
2. Ils sont auprès du Seigneur et participent de sa gloire;
3. Nous sommes reliés à eux par le principe de l'unité du Corps mystique et de la communion des saints;
4. Les saints du ciel sont actifs et communiquent avec le Seigneur;
5. Donc la prière d'intercession est efficace.
6. Les saints prient dans le Ciel; ils y sont actifs
7. Le célèbre récit de la Transfiguration
8. (L'argument est tiré d'un songe dont on parle dans une légende).
9. Job a prié pour ses amis

Premier argument:
Certains évangéliques prétendent que c'est de la nécromancie de vénérer les saints!
Ils s'appuient en particulier sur ce passage pour appuyer leurs propos:
« On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts; car quiconque fait ces choses est en abomination à Yahvé ton Dieu » (Deutéronome, XVIII, 10-12)

Réponse biblique au 1er argument

En langage plus précis, voici ce que dit la Bible, version Segond NEG:

Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel; et c’est à cause de ces abominations que l’Eternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi.

C'est ce passage est l'un des nombreux qui s'opposent à ce qu'on adresse des prières aux saints. Comme toujours, les textes catholiques jouent sur la signification du mot "vénérer" en le distinguant du mot "adorer". Larousse dit que vénérer c'est "rendre à Dieu, à un saint, le culte qui lui est dû". Il s'agit donc bien de rendre un culte à un saint.

Aussi, avant d'examiner l'état où se trouve l'âme d'un saint, voyons le point principal: le culte rendu à un saint.
Exode 20 2-6, 1er et 2e commandement:
2 Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude.
3 Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.
4 Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.
5 Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,
6 et qui fais miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

Ceci condamne le fait d'avoir des statues de Marie et des "saints", de d'agenouiller devant elles, de les prier, de les décorer, les embrasser, etc.

Définissons maintenant qui est un "saint" selon la Bible et selon la doctrine catholique.
Le Nouveau Testament appelle "saint" tous ceux qui, par la foi (sans aucune œuvre), ont accepté Jésus-Christ comme Sauveur. Frère, saint, ou membre de l'église de X, sont absolument synonymes dans la Bible. Plus de détails sur le droit de se nommer "chrétien" à réponse 64 "La marque distinctive du croyant".

La doctrine catholique s'arroge le droit de décréter que certaines personnes sont des "saints", (allant directement au Ciel sans passer par le purgatoire), et ceci en fonction de critères très aléatoires. On trouve dans la liste des personnages dont personne ne sait s'ils ont seulement existé...
Il faut donc constamment avoir en tête la signification réelle du mot "saint" lorsqu'on examine les textes suivants.

Second argument
Or, par la foi, les saints, quoique morts, sont vivants dans le Christ: «Je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra» (Jean, XI, 26)
et:
«Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants» (Marc, XII, 27).

Réponse biblique au 2ème argument

Les citations exactes mais la formulation bien compliquée. Cela veut-il dire que c'est grâce à leur foi que les saints sont vivants pour l'éternité? Dans ce cas c'est exact. Mais on peut aussi comprendre que c'est par la foi que l'on peut considérer que les saints sont vivants. Et pourquoi "vivants dans le Christ"? Ils sont vivants et sont au ciel, avec Christ et pas "dans le "Christ".
Mais le fait que l'âme des saints vive, ne signifie pas que l'on doive les prier ou leur parler. D'ailleurs le verset Jean 11:26 est hors contexte, puisqu'il s'agit de la résurrection corporelle, qui n'a pas encore eu lieu.

Troisième argument

Les saints sont donc dans le Ciel, dans la gloire du Seigneur; nous sommes enveloppés d'une nuée de témoins (Hébreux, XII, 1; Apocalypse, XIX, 1-10)
«Et il dit à Jésus: «Seigneur, souvenez-vous de moi, quand vous serez parvenu dans votre royaume.» Jésus lui répondit: «Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis». (Luc, XXIII, 42-43)
«C'est pour cela qu'ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son sanctuaire» (Ap., VII, 15)
«Ils eurent la vie, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans» (Ap., XX, 4)
«Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son tabernacle et ceux qui habitent dans le ciel» (Ap. XIII, 6)

Réponse biblique au 3ème argument

C'est un habile mélange de citations tronquées, dont la plupart sont hors sujet. Voyons ces divers versets:
Hébreux 11 parle des héros de la foi de l'Ancien Testament, et la conclusion est Hébreux 12:1 qui dit "Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte".
En prenant la totalité du verset on voit bien que cela ne signifie pas qu’ils observent ce qui se passe sur terre, mais que leurs vies constituent pour nous un témoignage de foi et d’endurance et nous donnent un exemple à imiter.

Apoc 19:1 se place après le jugement de la grande Babylone, la super-fausse-religion multidiniste. A ce moment-là l'Eglise véritable a été enlevée, les saints sont corporellement ressuscités et les noces de l'Agneau se préparent. Ce n'est pas la situation actuelle, où une partie de l'Eglise est encore sur la Terre.

Luc 23: 42- 43, la promesse faite au brigand repentant, est parfaitement exacte. Son âme sera au Ciel, mais rien ne dit qu'il faut vénérer cet ex-bandit.

Apoc 7:15, parle des martyrs de la grande tribulation. Certes, l'Eglise catholique devrait s'y connaître, elle qui a martyrisé des centaines de milliers de croyants, qui sont maintenant au Ciel - contrairement à leurs tortionnaires! Mais ici il s'agit de personnages de notre futur.

Apoc 20:4 (fin du verset) "Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant mille ans" se place APRES la victoire sur l'Antéchrist. C'est donc pour l'avenir et ne nous dit rien en rapport avec le sujet.

Apoc 13:6 parle de la Bête blasphémant contre Dieu et ceux qui habitent le Ciel. A nouveau aucun rapport avec le sujet traité.

Quatrième argument:

Or nous sommes tous membres du Christ: «Ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous ne faisons qu'un seul corps dans le Christ» (Rom. XII, 5)
Nous pensons donc qu'il existe une communion spirituelle étroite entre tous les membres du Corps mystique de Jésus-Christ, entre ceux qui cheminent sur la terre, et ceux qui participent déjà de la gloire du Seigneur (LG 50).

Réponse biblique au 4ème argument

Romains 12:4-5 dit en réalité: "Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres."

Ces versets parlent de la complémentarité de fonction des membres de l'Église, certains ayant un don et d'autres en ayant un autre. Les versets suivants donnent une liste de dons et des conseils pour les utiliser. C'est un appel à collaborer dans la vie pratique chrétienne et à ne pas nous jalouser.
Il est vrai que nous sommes tous les sarments sur un seul cep, Christ, qui nous donne la vie. Mais il n'est pas dit que nous devons prier certaines de ces branches!

Cinquième argument:

Plusieurs passages des Écritures peuvent être produits pour démontrer qu'il y a communication entre les saints du Ciel et le Seigneur.
Tobie, XII, 12: l'ange Raphaël dit: «je présentais ta prière au Seigneur.»
Il ne s'agit certes pas ici d'un saint, mais d'un ange: il faut cependant convenir qu'en l'occurrence il intercède, ce qui prouve qu'il y a possibilité d'intercession. Nous savons bien que le canon protestant ne reconnaît pas le livre de Tobie.
Voici confirmation dans Job, XXXIII, 23:
«Mais s'il trouve pour intercesseur un ange entre mille (...).»

Réponse biblique au 5ème argument

Quel mélange! Pourquoi citer Tobie, un livre non inspiré, qui relate une légende non chrétienne? Alors qu'il est dit au sujet des anges (Hébreux 1:14) Ne sont–ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut?

Les anges sont aussi appelés nos "compagnons de service", et il est interdit à plusieurs reprises de les adorer! On ne pouvait trouver citation plus mal appropriée. Lisez les 2 citations suivantes:
Apocalypse 19:10 Et je tombai à ses pieds pour l’adorer; mais il me dit: Garde-toi de le faire! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu. Car le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie.
Apocalypse 22:9 Mais il me dit: Garde-toi de le faire! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères les prophètes, et de ceux qui gardent les paroles de ce livre. Adore Dieu.
Quant à Job 33:23, il parle de l’intervention d’un ange qui nous protège. Mais pas question de lui adresser des prières!

Sixième argument:

Les saints prient dans le Ciel; ils y sont actifs: «(...) tenant chacun une harpe et des coupes d'or pleines de parfum, qui sont les prières des saints» (Ap., V, 8).
Jérémie, XV, 1: «Yahweh me répondit: Quand Moïse et Samuel se tiendraient devant moi, mon âme ne se tournerait pas vers ce peuple; chasse-les de devant ma face et qu'ils partent!»
Pourquoi évoquer ici une possible tentative d'intercession de Moïse et Samuel, si toute intercession est impossible?

Réponse biblique au 6ème argument

Dans Apoc 5:8, il n'est pas dit que ce sont les saints dans le ciel qui prient! Ils voient Dieu face à face et lui parlent directement. Mais que les prières des saints (sur la terre) sont présentées comme des parfums devant Dieu.

Jérémie 15:1 parle du caractère inéluctable du jugement sur Israël. Moïse avait maintes fois détourné la colère de l'Eternel par ses supplications, du temps de l'Exode. Ce passage signifie simplement que si Moïse et Samuel étaient encore là et le suppliait à nouveau, il ne les écouterait pas. Mais il n'est pas dit qu'il faut "vénérer" l'un ou l'autre… D'autant plus que leur intervention ne serait pas écoutée par Dieu, et serait donc inutile!

Septième argument:

Le célèbre récit de la Transfiguration (Mat., XVII ; Marc, IX) montre ici deux saints éminents, Moïse et Élie, dans une conversation active avec le Seigneur, dans sa gloire.

Réponse biblique au 7ème argument

 Enfin une citation appropriée! Effectivement cela montre que Moïse, mort et enterré, tout comme Elie, enlevé vivant au ciel, sont pleinement conscients et capable de discuter d'un événement que les concerne directement la mort de Jésus à la croix, sans laquelle ni l'in ni l'autre ne pourrait être sauvé. Mais quel rapport avec des prières adressées aux morts? AUCUN!

Huitième argument:

Enfin dans II Macchabées, XV, 11-16 (livre non retenu par le canon protestant):
«Il leur raconta en outre un songe digne de foi, une vision réelle, qui les réjouit tous. Voici ce qu'il avait vu: Le grand-prêtre Onias, cet homme de bien, d'un abord modeste et de moeurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l'enfance à toutes les pratiques de la vertu, il l'avait vu, les mains étendues, priant pour toute la nation des Juifs. Ensuite lui était apparu, de la même manière, un homme distingué par son grand âge et son aire de dignité, d'un aspect admirable, et entouré de la plus imposante majesté. Onias, prenant la parole, lui avait dit: «Celui-ci est l'ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour la ville sainte, Jérémie, le prophète de Dieu.»

Réponse biblique au 8ème argument

Les Juifs, concernés au premier chef par ces événements, n'ont jamais considéré ce récit comme inspiré, mais comme une jolie légende. Autant se référer à l'un des "Contes de la Mère l'Oye"!

Note: remarquez le style de la narration et la façon flatteuse dont les personnages sont présentés. C'est bien loin du style réaliste de la Parole de Dieu! C'est lécher les bottes de grands personnages, mode de faire que l'on ne trouve pas dans la Parole de Dieu authentique!

Neuvième argument:

La prière d'intercession est efficace:
«Job, mon serviteur, priera pour vous, et c'est par égard pour lui que je ne vous jugerez point selon votre folie» (Job 42.8, 10)
De même pour l'intercession d'Abraham: «Abraham intercéda auprès de Dieu, et Dieu guérit Abimélech (...)» (voir aussi 18, 22-33 pour le cas de Sodome).
Saint-Paul demande souvent, quant à lui, à ses disciples de prier pour lui (Eph.6.18-20; Philémon 22; I Thess. 5. 25).

Réponse biblique au 9ème argument

Bien sûr que la prière est efficace! Et tous ces exemples sont des exemples de prières faites par des vivants, en faveur de vivants et adressées à Dieu. Pas de prières, par, pour, ou à travers l'intercession des morts.
Il n'y a là aucun argument à l'appui des thèses catholiques!

CONCLUSION

Pour un résumé par proposition, nous donnons l'argument de nos correspondants, PUIS la correction biblique.

1. Les saints, même morts, sont vivants dans le Christ;
Phrase à corriger ainsi: ("saint" ayant la signification biblique et non la catholique)
1. Les âmes des saints morts sont au Ciel, conscients et attendent la résurrection corporelle.

2. Ils sont auprès du Seigneur et participent de sa gloire;
2. Ils sont dans la gloire, auprès du Seigneur (A Dieu, toute gloire!)

3. Nous sommes reliés à eux par le principe de l'unité du Corps mystique et de la communion des saints;
3. Tous les membres de l'Eglise véritable, la future Epouse de Christ, qui est composée de tous les saints de la Nouvelle Alliance, sont comme les sarments d'un même cep. Cela n'implique aucune "télépathie" de communication. Rien ne permet de soutenir que ceux qui sont au Ciel communiquent avec ceux qui sont sur la Terre.

4. Les saints du Ciel sont actifs et communiquent avec le Seigneur;
4. Les saints qui sont déjà au Ciel sont conscients, voient le Seigneur face à face. Rien ne nous est dit de leurs activités, sauf l'adoration.

5. La prière d'intercession est efficace.
5. La prière d'intercession des croyants vivants, en faveur d'autres vivants est efficace.

Finalement, l'appel à des "saints" morts ne repose sur rien de biblique Et nulle part ce texte ne répond à l'interdiction de communication avec les morts ni à l'interdiction d'avoir des statues (idoles).

Les auteurs de ces arguments savent très bien extraire de la Bible des fragments et les assembler pour en modifier le sens authentique. Chaque fois que vous rencontrerez ce genre d'argumentations, lisez le passage cité en entier et examinez s'il est vraiment en rapport avec le thème traité. Il est nécessaire de vérifier si la Parole de Dieu est bien d'accord.

Imitez donc les habitants de Bérée (Actes 17:11): "Ils examinaient chaque jour les Ecritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact".

Samuel Lüthert