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Histoire vraie de Sebti 12

Un corsaire disparaît

Brandissant leurs sabres de bois, Zin et Sebti retrouvent leurs copains.
– Elle est longue, mon épée!
– La mienne est plus pointue. Regarde! – Quels combats on va faire. Ca sera bien mieux que dans le film!

Bientôt, tous disparaissent derrière le talus qui borde le terrain vague. En général, c'est près des maisons qu'on les voit tous rôder, mais aujourd'hui...
A cinq cents mètres, large et lent, le Rhône coule paresseusement sous les rayons d'un soleil capricieux mais encore chaud pour la saison. Soudain, des cris de Sioux effraient quelques canards! Où les garçons vont-ils? Dans une nouvelle cabane construite au bord de l'eau? Non! Ils ont trouvé mieux. Tenez, on l'aperçoit d'ici.

Sa coque foncée se détache très bien sur l'eau étincelante. Une vieille péniche! Elle est oubliée là, retenue à la vie par des câbles rouillés. Nos jeunes aventuriers l'ont repérée l'autre jour. Quelle aubaine! Ils ont apporté une planche qui leur a servi de passerelle. Et hop! Ils ont grimpé sur le "navire".

Avec un peu d'imagination, ils en sont vite devenus les propriétaires! Aucun d'eux ne sait nager mais... est-ce nécessaire pour jouer aux corsaires? Ils ont formé deux camps. A l'avant de la péniche, six garçons la défendent. A l'arrière, cinq vont l'attaquer.
– Celui qu'on touche au ventre avec la pointe du sabre est hors de combat!
– D'accord! Tous à l'attaque! Comme personne ne veut perdre, les épées se croisent et se heurtent avec vigueur. L'une d'elle est déjà cassée!
– Tu recules, Sebti! entend-on bientôt. C'est vrai. Mais s'agit-il peut-être d'une habile tactique pour mieux reprendre l'avantage?

Non, car tout à coup Sebti pose le pied sur le couvercle d'une trappe qui donne directement sur l'eau. La tôle bascule. Sebti perd l'équilibre, laisse tomber son sabre et pousse un cri en disparaissant dans la cage puis dans l'eau! Ses oreilles bourdonnent. Il se débat désespérément pour remonter à la surface et pouvoir respirer? Mais... va-t-il émerger en face de l'ouverture? Et s'il était soudain retenu sous la péniche, et prisonnier dans l'eau? Non, non! Il faut absolument qu'il retrouve le boyau par lequel il est arrivé! Tout à coup, sa tête est hors de l'eau. Il respire. Il est au bon endroit: là-haut, des têtes se détachent sur un carré de ciel.

Déjà des bras se tendent pour venir à son secours. – Tiens bon, Sebti! On va te repêcher! Ouf! le voilà sur le pont de la péniche, pâle et tout ruisselant. – Tu saignes derrière la tête! dit l'un de ses camarades.
– Bon, on arrête le jeu! décide un autre c'est peut-être mieux de rentrer! Rentrer, oui mais... qu'est-ce que Sebti va dire à son père? S'il raconte qu'ils sont partis si loin, et qu'ils ont tous grimpé sur une vieille péniche, ça risque de "chauffer"! Notre ami se passe la main dans les cheveux. Elle est rouge de sang. Et sa blessure lui fait mal, à présent!
– Attendez! Il faudrait qu'on mette une bande, quelque chose qui... prenons ma chemise! Tant bien que mal, on fait un "pansement" Pauvre Sebti! Il a vraiment i'air d'un corsaire, à présent!
– Partons en balade, suggère-t-il, pendant que mes habits sèchent
– Tous ensemble, ils s'en vont, mais ils n'ont guère d'élan... Avant d'arriver à la maison, Sebti ôte son " turban ". A la pompe, il lave les taches de sa chemise, et la remet.
– T'es tout mouillé, Sebti! dit bientôt le père de famille. D'où arrives-tu comme ça?

– Oh! j'avais soif... J'ai été boire de l'eau à la pompe, et j'ai glissé sur le trottoir!
– Mais... tu saignes à la tête! – C'est en tombant que je me suis fait mal! Comme un mensonge semble parfois plus commode que la vérité! Ah! gardons-nous bien d'imiter Sebti. D'ailleurs, il ne connaît pas Dieu, lui, ni la Bible dans laquelle on peut lire: "Renoncez au mensonge, et que chacun parle selon la vérité!" (Ephésiens 4:25)
– Montre-moi ça, Sebti! dit le père de famille en prenant dans ses mains la tête de son fils. Oh mais... tu es tout ouvert! Il faut vite filer à l'hôpital! Attends, je reviens tout de suite! Le pauvre homme est si préoccupé par la blessure de Sebti qu'il ne pense même pas à demander d'autres explications.

Vingt-cinq minutes plus tard, une ambulance s'arrête à l'entrée de l'hôpital. On approche un chariot qui transportera Sebti directement en salle d'opérations! Les choses se corsent parfois, quand on joue aux corsaires! Sebti pourra rentrer le jour même, le cuir chevelu soigneusement recousu. Mais quelle aventure! Et comme il est curieux qu'on puisse se blesser pareillement en allant simplement à la pompe pour y boire un peu d'eau!

Texte: Samuel Grandjean


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